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Un cahier de bonnes pratiques sur le maintien dans l'emploi

par Rozenn Le Saint / avril 2019

La Haute Autorité de santé a publié le 15 février ses conseils pour harmoniser les pratiques des médecins dans la prévention de la désinsertion professionnelle. L'accent est mis sur la visite de préreprise et un plan de retour au travail.

Au moment où l'âge de départ à la retraite refait débat, la Haute Autorité de santé (HAS) a préféré insister sur l'importance du maintien dans l'emploi. Et ce, dans un contexte de "prévalence des maladies chroniques". Le 15 février, elle a publié des recommandations sur la prévention de la désinsertion professionnelle1 , élaborées avec la Société française de médecine du travail. Sophie Fantoni-Quinton, professeure de médecine du travail à l'université Lille 2, a coordonné ces travaux. Coauteure d'un rapport de 2015 intitulé Aptitude et médecine du travail, elle avait alors pris conscience "de l'hétérogénéité des pratiques en la matière et de la nécessité de les harmoniser au travers de recommandations de la HAS".

 

Un retour au travail en trois phases

 

En cas d'arrêt du travail, le maître mot doit être l'anticipation. La HAS insiste tout d'abord sur la visite de préreprise, "trop souvent méconnue", selon Sophie Fantoni-Quinton. Puis le rapport conseille l'élaboration d'un plan de retour au travail en trois phases. La première est dite "d'analyse et de compréhension partagées du risque de désinsertion professionnelle". La deuxième vise l'"élaboration d'une liste des freins à la reprise du travail et des leviers pouvant être mobilisés". Il s'agit alors d'identifier des mesures individuelles, de "cibler le milieu de travail et les conditions de travail", ainsi que la "coordination des intervenants". Vient enfin une phase "de mise en oeuvre planifiée des mesures identifiées et de suivi avec une évaluation régulière de l'état de santé du travailleur et de sa situation de travail".

"Beaucoup de médecins du travail réalisent cette démarche de façon informelle ou sans l'appeler ainsi, estime Sophie Fantoni-Quinton. Alors qu'élaborer ce plan permet d'être davantage lisible pour les entreprises et de capitaliser les expériences d'un individu en ciblant les obstacles, ce qui peut être l'occasion de rediscuter de points de sécurité qui touchent l'ensemble des salariés."

La HAS rappelle également les différents outils mobilisables pour prévenir la désinsertion professionnelle, tels que le bilan de compétences, la formation ou le télétravail. Il y a aussi les options offertes par l'Assurance maladie, "si nombreuses qu'il y a de quoi se perdre", commente l'universitaire. Entre autres, l'indemnité temporaire d'inaptitude, le temps partiel thérapeutique, les actions de remobilisation précoces, les essais encadrés, le contrat de rééducation professionnelle en entreprise... Idem pour les prestations proposées par l'Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph) et son alter ego dans le public, le FIPHFP.

 

Des ressources méconnues

 

"Très souvent, on arrive à l'inaptitude alors qu'on n'a pas mobilisé toutes les ressources, déplore Sophie Fantoni-Quinton. Les médecins du travail connaissent bien ces options.En revanche, les médecins traitants, moins. Il y a un problème de relais entre eux." Afin d'y remédier, elle présentera ces recommandations dans les instances du Conseil national de l'ordre des médecins et dans les sociétés savantes.