Une coopération humains-robots envisagée non sans heurts

par Michel Héry / octobre 2017

Les progrès rapides de la robotisation font que les barrières de séparation physique actuellement mises en place entre robots et travailleurs pourraient disparaître dans les années à venir, en vue de collaborations plus étroites et plus actives. En Allemagne, une des branches de la DGUV (Deutsche Gesetzliche Unfallversicherung), fédération allemande des organismes d'assurance des accidents du travail, a donné des mandats de recherche et émis des recommandations concernant l'identification des risques liés à ces collaborations.

Une des études menées dans ce cadre a suggéré l'inscription, dans la normalisation internationale relative aux machines, de deux nouvelles catégories de blessures :

- les blessures légères et sans conséquences qui peuvent guérir totalement sans traitement médical - contusions, légers hématomes ou enflures -, l'épiderme ne devant être ni écorché, ni pénétré ;

- les lésions restant au-dessous du seuil d'apparition de la douleur.

L'objectif est de considérer les contacts ne provoquant aucune douleur comme inoffensifs en matière d'évaluation des risques. Il serait donc implicitement admis qu'un robot puisse heurter un travailleur, pourvu que le dommage se limite à des contusions, légers hématomes ou enflures. Il ne semble pas être venu à l'esprit des auteurs de cette étude que, au-delà de la violence physique, le fait qu'un humain soit heurté par une machine puisse être psychologiquement inacceptable. A titre d'exemple, si cela intervenait entre deux travailleurs autrement que de façon purement accidentelle et exceptionnelle, des modifications de l'organisation du travail seraient entreprises afin d'éviter la répétition de tels incidents.

"Acceptation". En France, le Syndicat des machines et technologies de production (Symop) a publié un livre blanc consacré au droit de la robotique. On peut y lire la recommandation suivante : "Acceptation des chocs (détermination des seuils d'acceptabilité sociale et de détermination du risque)". Avec des arguments eux aussi chocs : "Aujourd'hui, les risques d'accident sont admis notamment pour les voitures. Pourquoi ne pas admettre et accepter un tel risque pour les robots ?" Ou encore : "La tolérance des êtres humains aux défauts est nulle. L'attente envers les machines est supérieure à celle des êtres humains. Socialement, l'homme n'est pas capable d'accepter que le robot puisse se tromper et blesser. [...] Cela nécessite une évolution progressive de la société. Le cadre légal et réglementaire ne doit donc pas devancer l'acceptation humaine mais doit l'accompagner."