Grosse déprime chez les salariés de la banque

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Gérard Lasfargues professeur de médecine du travail
/ octobre 2011

Les effets délétères de la crise ne touchent pas que notre économie et les finances publiques de la zone euro. La santé psychique des salariés du secteur de la finance semble elle aussi vaciller. C'est ce que nous indiquent les derniers résultats du Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (RNV3P), publiés début octobre1 . Les " troubles mentaux et du comportement ", qui, tous secteurs confondus, représentent, avec 22 % des pathologies professionnelles signalées dans les centres de consultation des CHU, la seconde cause de maladies, juste derrière les troubles respiratoires (24 %), ont fortement augmenté dans le secteur bancaire, avec des consultations pour des pathologies en lien avec les facteurs de risques psychosociaux beaucoup plus nombreuses que pour d'autres motifs.

Ces résultats sont en cohérence avec ceux d'autres études mettant en avant dans ce secteur des situations de détresse psychique plus fréquentes (observatoire Samotrace) et une forte demande psychologique pour un nombre important de salariés (Sumer, enquête européenne sur les conditions de travail...).

Des contraintes organisationnelles " classiques ", telles que la pression sur les objectifs et les résultats, le contrôle informatisé de l'activité, pesant déjà fortement dans le secteur des services, se sont encore accrues. Elles rendent d'autant plus difficile la confrontation aux demandes de la clientèle, souvent décalées par rapport aux stratégies commerciales mises en place. Au-delà de ces tensions, de l'incertitude sur l'avenir liée à la crise et de la dégradation de l'image de la finance dans l'opinion publique, ce que mettent en avant de nombreux salariés du secteur bancaire aujourd'hui, c'est surtout la remise en cause de leurs valeurs éthiques et la perte de sens de leur métier. " Demander plus à son argent " revient souvent à exiger l'impossible de ses salariés !