Affiche de la campagne de l'Assurance maladie (détail) - © Hervé Plumet
Affiche de la campagne de l'Assurance maladie (détail) - © Hervé Plumet

Mal de dos : la Sécu veut convaincre les patrons

par Clotilde de Gastines / 12 novembre 2018

Après une campagne visant à sensibiliser les salariés à l’activité physique pour traiter leur mal de dos, l’Assurance maladie cible maintenant les employeurs. Sa branche risques professionnels veut les inciter à agir sur les conditions de travail.

« Faites du bien à votre entreprise, agissez contre le mal de dos », encourage l’Assurance maladie. Le slogan de cette campagne de sensibilisation ciblant les employeurs a été dévoilé lors d’une conférence de presse le 6 novembre dernier, dans le cadre du salon Expoprotection, à Paris. L’organisme de protection sociale veut inciter les entreprises à prévenir les lombalgies chez leurs salariés en agissant sur les conditions de travail. Il a travaillé en partenariat avec l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) et plusieurs fédérations professionnelles pour mettre de nouveaux outils à disposition des employeurs et des services de santé au travail, afin de réduire l’important coût humain et financier de ces pathologies.

Première cause d’inaptitude avant 45 ans

En effet, la lombalgie est la première cause d’inaptitude avant 45 ans et la troisième cause d’invalidité pour le régime général. En 2017, elle a représenté 170 000 accidents du travail, soit 20 % de la totalité des accidents du travail reconnus (contre 13 % en 2005) et près de 15 % des accidents de trajets, entraînant deux mois d’arrêt de travail en moyenne et un tiers de l’ensemble des arrêts de plus de six mois. Un rapport de la Sécurité sociale évalue à 12,2 millions le nombre de journées de travail perdues en raison d’une lombalgie, soit 57 000 emplois à temps plein.
Pour les entreprises, le coût direct dépasse le milliard d’euros, via leurs cotisations accidents du travail et maladies professionnelles. Près des trois quarts des employeurs savent déjà que « la prévention des lombalgies est surtout l’affaire de l’entreprise », assure un sondage BVA effectué à la demande de l’Assurance maladie. Une proportion plutôt rassurante, même si la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) souligne que la mise en œuvre d’une prévention efficace et durable du mal de dos lié au travail constitue pour l’employeur une obligation légale de sécurité. « Le mal de dos n’est pas une fatalité », rappelle Marine Jeantet, directrice des Risques professionnels de l’organisme.
« Il existe plusieurs facteurs de risque déclenchant la lombalgie aiguë », a précisé Hervé Laubertie, responsable prévention des risques professionnels de la Cnam, en présentant un schéma. Sont en cause en premier lieu le port et le transport de charges (40 %) et la manutention manuelle d’objets (23 %), puis les chutes de hauteur ou de plain-pied et les postures contraignantes (11 %). A ces facteurs physiques s’ajoutent les facteurs de risques psychosociaux, qui peuvent aggraver le mal de dos ou favoriser son passage à la chronicité (mauvaises conditions de travail, stress, contraintes psychosociales, insatisfaction au travail, monotonie des tâches...).

Le personnel des Ehpad particulièrement touché

Cinq secteurs d'activité sont particulièrement touchés : l’aide et les soins à la personne, le transport et la logistique, le commerce, la gestion des déchets et le bâtiment. Ils supportent à eux seuls plus de la moitié du coût direct du mal de dos. Le risque d’être victime d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle est 1,5 à 2 fois plus élevé dans ces secteurs. La sinistralité du mal de dos est très forte dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), avec une part record de 31 % des accidents du travail, contre 20 % en moyenne.
Le site ameli.fr met à disposition un kit d’information et des d’outils destinés aux employeurs et aux acteurs de la prévention, notamment le programme TMS Pros.
Ces messages seront martelés pendant deux mois par des inserts dans la presse généraliste et spécialisée et sur les réseaux sociaux, selon la formule employée dans la campagne 2017 à destination des salariés, intitulée « Mal de dos ? Le bon traitement, c’est le mouvement ».