Des nanos dans les pesticides

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Alain Garrigou, professeur en ergonomie
/ janvier 2019

Des nanos dans les pesticides. L'agriculture, la sylviculture et la pêche représentent le secteur d'utilisation des nanoparticules "le plus déclaré en France, comme les années précédentes. Les substances manipulées dans ce secteur entrent principalement dans la formulation de préparations phytosanitaires". Cet extrait des pages 51 et 52 du rapport annuel 2017 rédigé par la direction générale de la Prévention des risques du ministère de l'Environnement était passé inaperçu. C'est pourtant une petite bombe, compte tenu de ses implications pour la santé au travail et la santé publique. Ce document s'appuie sur le registre R-Nano, qui compile les déclarations annuelles obligatoires effectuées par les entreprises fabriquant ou utilisant des substances à l'état nanoparticulaire.

La présence de nanoparticules pourrait bien changer la donne en matière de dangerosité des pesticides. Beaucoup d'entre eux sont déjà considérés comme délétères pour la santé humaine, certains sont classés comme cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR). Le fait que leur formulation contienne des particules aux dimensions nanométriques soulève des inquiétudes inversement proportionnelles à leur taille. En effet, ces particules, qui ont la capacité de passer les barrières biologiques, s'introduisent rapidement et en profondeur dans les organismes vivants... y compris l'homme. Leur dangerosité n'est pas seulement liée à la quantité ayant pénétré dans l'organisme, mais également à leur surface en contact avec les milieux biologiques. Par rapport à des particules plus grosses, à masse équivalente, cette surface est bien plus importante. Leur action est donc démultipliée, le risque d'atteinte à la santé aussi.

Comment cette dangerosité est-elle prise en compte dans les autorisations de mise sur le marché des produits phytosanitaires ? L'efficacité réelle des protections collectives et individuelles posait déjà problème avec les formulations classiques ; il devient urgent de réévaluer ces équipements pour des compositions intégrant des nanos.