Réduire la précarité dans la " territoriale "

par Milène Leroy / juillet 2011

Une étude sur la prise en charge de la précarité dans les collectivités territoriales propose, outre la titularisation des agents, de réduire les temps partiels et d'aménager les fins de carrière pour les métiers pénibles.

Contrairement à une idée reçue, fonctionnaire peut rimer avec précaire. C'est ce que démontre l'étude intitulée Les précarités dans la fonction publique territoriale : quelles réponses managériales ?, menée par des élèves administrateurs de l'Institut national des études territoriales (Inet) et rendue publique en avril1 . Cette étude, réalisée en partenariat avec l'Observatoire social territorial (OST), de la Mutuelle nationale territoriale (MNT), et l'Association des administrateurs territoriaux de France (AATF), formule notamment seize préconisations pour agir contre les situations de précarité et ne se limite pas à " une approche strictement statutaire ", précisent ses auteurs.

Ils ont interrogé les dirigeants d'une vingtaine de collectivités territoriales, en cherchant à " mettre en lumière la manière dont [ils] appréhendent aujourd'hui la précarité ". Ce qui a permis " d'identifier des leviers d'action, les principales difficultés et des bonnes pratiques ", indiquent les auteurs. Au cours de leurs travaux, ils ont constaté que les collectivités " peinent à inscrire leurs actions dans une stratégie globale et structurée "

Parmi les causes de précarité identifiées figurent l'emploi de contrats à durée déterminée, les faibles salaires ou encore les temps partiels. Certains agents cumulent parfois ces trois facteurs d'insécurité. En effet, " des collectivités recourent massivement au recrutement d'agents contractuels ", observent les auteurs. Il s'agit pour elles d'une " facilité de gestion ", expliquent-ils. Ces situations touchent très majoritairement des agents qui occupent des fonctions de catégorie C, avec les salaires les plus faibles. Par ailleurs, les temps partiels donnent lieu à des rémunérations souvent inférieures au Smic. En conséquence, ces agents paraissent particulièrement vulnérables aux accidents de la vie, qui peuvent vite les faire basculer dans des situations de précarité, notent les auteurs de l'étude.

Observatoire. Afin de cerner les différents visages de la précarité, ils suggèrent aux collectivités de s'appuyer sur un modèle théorique, fourni par l'étude, puis de créer un observatoire. A partir de ses conclusions, des actions concrètes peuvent être mises en oeuvre. Plusieurs pistes sont dégagées. Les titularisations des agents en font bien entendu partie. Mais les auteurs relèvent qu'" elles ne constituent que des solutions partielles face à la précarité de l'emploi ". Selon eux, il est aussi nécessaire de réviser l'organisation du travail, afin de résorber les temps non complets.

Les périodes de transition doivent être également " mieux accompagnées ". Cette orientation concerne en particulier les agents reclassés pour inaptitude du fait d'une usure professionnelle. " Les métiers les plus pénibles, notamment ceux de ripeur, agent d'entretien, égoutier ou agent territorial spécialisé des écoles maternelles, entraînent une usure professionnelle très rapide ", rappelle l'étude. Enfin, les collectivités doivent s'efforcer d'" offrir à tous les agents, y compris les moins qualifiés, des perspectives d'évolution de carrière ". A ce titre, les formations demeurent les meilleurs outils à la disposition des collectivités. Elles constituent " des leviers importants de développement personnel et d'évolution professionnelle "

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    Etude disponible sur l'espace presse du site www.mnt.fr