Stress professionnel : le coeur à la peine

par
© N. M./FNMF © N. M./FNMF
Gérard Lasfargues professeur de médecine du travail
/ avril 2008

Sir Michael Marmot, professeur d'épidémiologie et de santé publique à l'University College de Londres, vient d'" enfoncer le clou " quant au rôle direct du stress au travail sur les affections cardiaques. La grande étude qu'il a publiée en janvier, menée sur une cohorte de plus de 10 000 fonctionnaires britanniques suivie pendant douze ans, confirme l'augmentation du risque de pathologies coronariennes en raison d'une exposition chronique au stress professionnel. Environ un tiers de cet effet est expliqué par des modifications comportementales (faible activité physique et alimentation à risque) et par la présence d'un syndrome métabolique (ensemble de perturbations biologiques et hypertension artérielle liées à une obésité abdominale). Surtout, le stress au travail, à lui seul, peut conduire à des accidents cardiaques, via les perturbations du système nerveux végétatif et leurs conséquences sur les capacités d'adaptation du système cardiovasculaire.

Après l'étude Interheart publiée en 2004, qui avait impliqué 52 pays et conclu à un doublement du risque d'infarctus du myocarde chez des salariés soumis à un stress permanent au travail, il n'est plus possible désormais de faire l'impasse sur les déterminants socioprofessionnels de ces pathologies. Leur prévention ne peut se limiter aux facteurs de risque classiques que sont le cholestérol et l'hypertension. Comme c'est le cas pour les pathologies psychiques et les troubles musculo-squelettiques, il est temps de reconnaître le rôle joué par les facteurs psychosociaux du travail dans la genèse des affections cardiaques.