Au travail, près d’une femme sur dix est en butte au sexisme

par Clotilde de Gastines / 20 septembre 2016

8 % des femmes au travail déclarent avoir subi des comportements sexistes, selon une étude publiée par le ministère du Travail. Pour les auteurs, le remède passe par un accroissement de la mixité des emplois.

Empêchées de s’exprimer, ridiculisées en public, confrontées à des propos obscènes ou dégradants et à des propositions à caractère sexuel, les femmes sont beaucoup plus souvent victimes de sexisme que les hommes. 8 % d’entre elles considèrent qu’elles sont la cible de comportements hostiles à dimension sexiste, contre 1 % seulement de leurs collègues masculins. Ce taux grimpe à 12 % pour les femmes entre 25 et 34 ans, 12 % également pour celles qui ont un enfant de moins de 3 ans à charge. Issues de l’enquête Conditions de travail 2013 menée par la direction de l’Animation de la recherche, des Etudes et des Statistiques (Dares) du ministère du Travail, ces données viennent d’être publiées dans Dares Analyses.

L’étude constate que le fait d’être diplômée rend particulièrement vulnérable : 10 % des femmes ont au moins un bac + 3 ou exercent des fonctions d’encadrement. Les salariées du privé (9 %) et du secteur de l’industrie (10 %) s’en plaignent davantage.

Pour les hommes, le taux passe à 2 % lorsqu’ils ont entre 35 et 44 ans, quand ils travaillent dans la fonction publique ou le secteur des services. Les non-salariés signalent beaucoup moins de comportements hostiles mais sont ceux qui les associent le plus souvent à leur sexe.

Une affaire de contexte

L’étude relève également que, contrairement aux comportement hostiles en général, la discrimination sexiste ne dépend « quasiment pas des facteurs organisationnels ». Ce sont donc plutôt des contextes qui favorisent les comportements sexistes. Ainsi, les femmes intervenant sur des chantiers ou en déplacement (14 %) ou qui se trouvent en situation de déclassement professionnel par rapport à leur formation sont particulièrement exposées. Devoir « respecter des objectifs chiffrés précis » accroît la probabilité d’attribuer un caractère sexiste à l’hostilité. En revanche, bénéficier d’un entretien individuel d’évaluation reposant sur des « critères précis et mesurables » la réduit.

Dans les emplois occupés majoritairement par des hommes, les comportements hostiles prennent plus souvent une dimension sexiste pour 15 % des femmes. Alors que dans les métiers dits « féminins », seulement 6 % des femmes et 3 % des hommes se sentent attaqués en raison de leur genre. « Accroître la mixité des emplois pourrait donc contribuer à prévenir la survenue de ces comportements sexistes », conclut l’étude.

 

AMIANTE : DE PLUS EN PLUS DE CANCERS

De plus en plus de victimes de l’amiante sont indemnisées pour des pathologies plus graves. Dans son rapport d’activité 2015, publié cet été, le Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (Fiva) annonce qu’il a dépensé 4,86 milliards d’euros depuis sa création en 2002 et répondu à 182 348 demandes de victimes directes et de leurs ayants droit.

Le Fiva s’inquiète de l’augmentation des cancers bronchopulmonaires et des mésothéliomes, qui représentent 40,6 % des nouvelles victimes en 2015. Leur indemnisation tourne autour de 152 409 euros, contre environ 22 000 euros pour les plaques pleurales et les épaississements pleuraux.

Actions contre les employeurs

Sur les 20 329 dossiers indemnisés en 2015, 814 ont fait l’objet de recours subrogatoires pour prouver la responsabilité de l’employeur. Le Fiva a ainsi pu récupérer les sommes versées aux victimes, et parfois leur obtenir une majoration de rente et une indemnité complémentaire. En dix ans, ces actions contre les employeurs ont décuplé. Elles aboutissent huit fois sur dix, et ont généré 38,24 millions d’euros de recettes. Une proportion encore modeste.

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