Très chères pénibilités

par Jacques Darmon / juillet 2011

Les mauvaises conditions de travail coûtent cher à la collectivité. Dans une récente étude1 de l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes), Thierry Debrand montre que l'exposition à des pénibilités a augmenté le recours aux consultations de généralistes ou spécialistes et à l'hôpital au cours des douze derniers mois. Elle a également généré davantage d'arrêts de travail.

Cette étude a été menée à partir des données de l'enquête " Santé " 2002-2003 de l'Insee, sur un échantillon de 11 500 salariés occupant un emploi et âgés de 18 à 65 ans. Trois formes de pénibilités ont été examinées. L'exposition aux pénibilités - travail répétitif sous contrainte de temps, port de charges lourdes, postures pénibles, horaires de travail difficiles et produits toxiques - a été observée pour le passé, d'une part, pour le présent, d'autre part. L'exposition aux risques psychosociaux ne l'a été que pour le présent et a été appréciée en fonction de la demande psychologique rapportée à la latitude décisionnelle, selon le modèle de Karasek.

Cumul

La consommation de soins est d'autant plus marquée qu'il y a cumul de pénibilités. " Les individus soumis aux trois risques étudiés ont entre 22,4 % et 25,1 % de consultations en plus relativement aux salariés sans exposition, entre 46,3 % et 56,1 % d'arrêts de travail en plus et entre 27,2 % et 35,9 % d'hospitalisations en plus ", peut-on lire dans le document.

L'auteur remarque que " les risques psychosociaux semblent tenir un rôle plus important " que les risques physiques dans la consommation médicale " quel que soit le poste de dépenses ". "Environ 8,7 % des consultations sont attribuables à ce risque. Il est par ailleurs responsable quasiment du tiers des arrêts de travail (31,5 %) pris au cours de deux mois consécutifs. " Par ailleurs, Thierry Debrand constate que ces dépenses sont à la charge de l'Assurance maladie, alors qu'elles devraient incomber à la branche accidents du travail-maladies professionnelles de la Sécurité sociale.