Les actifs aussi sont éprouvés

par Serge Volkoff / 25 mai 2020

Les informations sur les victimes de la Covid-19 rappellent avec raison que la plupart d’entre elles sont des personnes âgées et retraitées. Cependant, des données statistiques, rapidement élaborées mais probantes, permettent de s’intéresser aussi aux personnes en activité, avec trois constats principaux1.
Le premier est que les individus « d’âge actif » ne sont pas épargnés par la maladie, comme le montre ce graphique portant sur les quelque 89 000 hospitalisés de mars et avril : 

Le deuxième, qui lui est lié, est l’importance des expositions dans de nombreux métiers. Il est difficile de l’évaluer en temps réel, mais des enquêtes antérieures permettent de décompter les travailleurs contraints à une proximité entre individus (avec des collègues ou du public) et/ou opérant dans un milieu comportant des agents biologiques pathogènes, dont le coronavirus peut faire partie. Selon la source statistique, le mode de définition des populations exposées, les estimations de la proportion de télétravail dans chaque métier, la période considérée (avec le degré de confinement), les évaluations aboutissent à des effectifs d’exposés compris entre 4 et 10 millions.
Le troisième constat, enfin, porte sur les disparités professionnelles dans ce domaine et sur le recoupement entre ces disparités et la hiérarchie sociale. Parmi les métiers les plus concernés figurent ceux d’aides-soignants, infirmiers, police-armée, vendeurs, caissiers et employés de libre-service, personnels de la restauration et de l’hôtellerie, aides à domicile et aides ménagères, professions paramédicales, professionnels de l’action sociale, agents d’entretien, assistantes maternelles, coiffeurs, ouvriers qualifiés du BTP. En découpant la population par niveau de revenu, en quatre sous-populations d’effectifs égaux (on parle alors de « quartiles »), on constate un lien clair, et inverse, entre le revenu et le degré d’exposition :

1. Les données utilisées dans cet article proviennent d’un article publié sur le site The Conversation et d’une note de la Dares (encadré intitulé « Estimations du risque d’exposition professionnelle au Covid-19 selon les métiers »).