© Gérard Monico/FNMF

Le destin précaire des jeunes travailleurs

par François Desriaux / juillet 2013

Pour tenter de se faire une place au soleil, les jeunes doivent enchaîner petits boulots et intérim, ou obtenir de haute lutte un stage aussi précieux que peu rémunéré, avant d'avoir peut-être, un jour, l'immense privilège de décrocher un contrat à durée déterminée.

C'est sûr que ce parcours initiatique calme les ardeurs revendicatives des candidats à l'emploi et les conditionne très jeunes aux exigences des entreprises : un engagement personnel "corps et âme". Parfois au prix d'une usure prématurée.

Passe encore si ce chemin de croix permettait d'accéder à un emploi stable. Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas. Le chômage des jeunes est un fléau. Mais, pour beaucoup d'entre eux, le travail aussi - surtout s'ils ne sont pas diplômés. Aux échecs et aux inégalités scolaires vont succéder des emplois précaires, des conditions de travail plus pénibles et plus éprouvantes pour la santé. Si, de surcroît, celle-ci a été malmenée par des conditions de vie difficiles, il y a peu de chances que le travail joue un rôle bénéfique d'intégration.

"C'est de plus en plus compliqué pour les jeunes"

par Martine Rossard / juillet 2013

Pour Elsa Fayner, auteure en 2008 d'un livre sur le travail précaire, journaliste responsable de la rubrique "Eco" du site d'information Rue 89, les jeunes continuent à être exposés à des formes dégradées d'emploi et de travail, y compris dans sa profession.

Dans votre livre Et pourtant je me suis levée tôt...,paru en 2008, vous décrivez les réalités du travail précaire pour une jeune salariée. Qu'est-ce qui vous a marqué ?

Elsa Fayner : Essayer de trouver un emploi stable, même payé au Smic, était très difficile pour quelqu'un comme moi sans CAP ni expérience professionnelle. Je me suis tournée vers l'intérim et on m'a proposé la télévente, un secteur où ma licence de philosophie ne valait rien. Là, quasiment aucun contrat pérenne, mais des contrats en alternance et des contrats d'insertion professionnelle intérimaire, essentiellement rémunérés par le fonds d'assurance formation des entreprises de travail temporaire. Nous arrivions par paquets de dix, à qui on faisait miroiter des CDI. A la fin, un seul était recruté.

Certains contrats n'étaient que d'une semaine et on ne savait que le vendredi si on revenait la semaine suivante. Il fallait réaliser 200 à 300 appels par jour, lire des textes, inscrire des réponses sans aucune initiative ni plaisir, à un rythme soutenu. Les jeunes ne souhaitaient pas rester, donc ne revendiquaient pas, ne se syndiquaient pas. Ensuite, j'ai enchaîné des CDDtemps partiel, comme vendeuse à la...

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