© Shutterstock

Travailler avec une maladie chronique

par François Desriaux / janvier 2016

Le maintien dans l'emploi ou au travail des personnes atteintes d'une maladie chronique évolutive, c'est un peu comme la lutte contre le réchauffement climatique : plus personne ne peut nier qu'il s'agit d'un impératif, beaucoup de structures affichent leur ambition, mais la réalité des engagements est rarement à la hauteur. Pourtant, l'âge de la retraite reculant et la part de malades chroniques augmentant avec l'âge, le monde du travail va être de plus en plus souvent confronté à la nécessité de combiner deux états - actif et malade - qui, jusqu'à présent, ont été pensés comme antagonistes. L'aménagement du poste sur un plan ergonomique comme des horaires, pour tenir compte de la fatigue ou des soins, est un premier passage obligé en matière d'adaptation. Changer le regard de la hiérarchie et des collègues permettra d'augmenter les chances que la "greffe" prenne. Mais pour éviter les "rejets", il est aussi fondamental de réfléchir à l'organisation du travail, aux marges de manœuvre des équipes, à l'adéquation entre les objectifs et les moyens humains. Sinon, la seule bonne volonté des uns et des autres ne suffira pas.

Les chemins invisibles du maintien au travail

par Dominique Lhuilier psychologue du travail Anne-Marie Waser sociologue / janvier 2016

Pour continuer à travailler, les malades chroniques font appel, en dehors des dispositifs réglementaires, à des stratégies discrètes, qu'il s'agit de préserver. Des groupes d'échanges extérieurs à l'entreprise peuvent les aider à les élaborer.

Les salariés atteints de maladies chroniques évolutives sont nombreux. Les malades chroniques, dont le nombre est estimé à 15 millions, représentent 20 % de la population. Et pourtant, on les voit peu dans les entreprises. La plupart d'entre eux hésitent en effet à dévoiler leurs difficultés au travail, ne réclament pas d'aménagement de leurs conditions de travail et échappent ainsi aux dispositifs de prise en charge prévus par la réglementation. Pourquoi ? Comment gèrent-ils les variations de leurs capacités à produire au travail et dans les autres sphères de la vie ?

Congé maladie ordinaire ou de longue durée, invalidité, restriction d'aptitude, mi-temps thérapeutique... Ces dispositifs réglementaires signent une différence de statut que bon nombre de travailleurs rejettent en raison des désignations et stigmates associés : "C'est un handicapé" ; "Il est fragile" ; "On ne peut pas prendre de risque avec elle" ; "Il n'est pas toujours au top" ; "Je ne peux pas compter sur lui". Devoir constituer un dossier, avoir à demander, à faire la preuve qu'on a des droits, à gérer un statut dévalorisant, à jouer au malade, etc., tout cela semble trop coûteux pour ceux qui peuvent ou...

Nous sommes heureux que vous aimiez nos contenus.
Vous ne possédez pas d'abonnement à Santé & Travail.

Abonnez-vous pour accéder aux contenus numériques.

Découvrez nos offres à destination des étudiants et des institutions.

Abonné-e : Connectez-vous