Les conditions de travail contre-productives de l’open space

par Frédéric Lavignette / 05 janvier 2024

Si l’open space est promu par les DRH pour favoriser la communication entre les salariés de bureau, ses impacts sur les conditions de travail et la santé sont très souvent éludés. Une étude de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du Travail (Dares) prend soin de pointer les nombreux effets néfastes de l’open space dans le n° 67 d’Analyse, publié ce mois de décembre.
S’appuyant sur l’enquête Conditions de travail 2019, la Dares précise que 3,2 millions de travailleurs français sont concernés par ce type d’espace professionnel. Autrement dit, 2 employés de bureau sur 5 travaillent sur des plateaux dépourvus de cloisons. A savoir : sans intimité, dans le bruit nuisant à la concentration, et sous une ventilation artificielle collective souvent réglée à une température élevée. 
Les salariés en open spaces sont aussi 39 % à être exposés à au moins 3 contraintes de rythme (contre 33 % en bureau classique), ce qui les empêche de s’organiser à leur manière. Ils sont davantage soumis aux contrôles des horaires et à l’encadrement ; ils doivent plus régulièrement interrompre une tâche pour en effectuer une autre (77 % contre 75 % en bureau classique), et leur activité est plus souvent guidée par un suivi informatisé (42 % contre 36 %) ou par les contrôles permanents de leur hiérarchie (22 % contre 18 %). 
Par ailleurs, comparé au bureau classique, l’open space semble atténuer le sens et la reconnaissance du travail. Dans les bureaux paysagers, 59 % des salariés disent recevoir des signes d’estime de leurs supérieurs et éprouver de la fierté pour leur tâche accomplie, contre 64 % en bureau classique. D’où un plus faible sentiment d’utilité (60 % contre 67 %), et un sentiment d’insécurité professionnelle plus exacerbé.  
« Dans ce contexte, termine l’étude, les salariés en open space s’absentent davantage pour raisons médicales.» Ils sont 34 % à déclarer avoir eu au moins un arrêt maladie au cours des 12 mois précédant l’enquête, contre 27 % de leur collègue en bureau. Parmi les raisons invoquées : la surexposition au bruit et aux virus, mais aussi les facteurs de risques psychosociaux, lesquels favorisent les maladies cardiovasculaires et mentales.