Christophe Dejours : "La coopération permet de transformer le travail"

par Isabelle Mahiou / avril 2015

Dans son livre Le choix, le fondateur de la psychodynamique du travail montre, preuves à l'appui, qu'il existe une alternative à l'organisation gestionnaire des entreprises, source de souffrance : le développement de la coopération.

Vous commencez Le Choix par une partie intitulée "le temps de la résignation". Comment en arrive-t-on à ce constat ?

Christophe Dejours : Les raisons sont à chercher du côté des transformations du travail et de la réaction des salariés qui y sont confrontés. En cause, le tournant gestionnaire opéré par les entreprises depuis trente ans. L'évaluation de la performance individuelle en est le pivot, qui déstructure les solidarités et accroît le pouvoir des directions. Et les syndicats, absorbés par la bataille - légitime - sur les conditions de travail, sont passés à côté de ces transformations et de leurs effets sur la santé mentale, laissant l'initiative au patronat, relayé par l'Etat, lui aussi rangé au néolibéralisme.

Ce système génère une souffrance inédite, dont nous sommes victimes, mais il ne fonctionne et perdure que grâce à notre zèle, c'est-à-dire à notre intelligence et à la mobilisation de celle-ci. Et pour ne pas tomber malades, nous mettons en place des stratégies de défense qui diminuent la capacité d'éprouver la souffrance, la sienne et celle des autres. Le couple souffrance-défense est un processus clé dans le consentement. Jusqu'à des actes que l'on réprouve...

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