Les corps soumis de l'industrialisation
Dès avant le milieu du XIXe siècle, la première industrialisation expose les ouvriers à une intensification du travail et à de nouveaux produits toxiques. Le discours médical accompagne cette dégradation des conditions de travail avec beaucoup d'ambiguïté.
En 1700, le médecin italien Bernardino Ramazzini publie un Essai sur les maladies des artisans, où il identifie et décrit les pathologies inhérentes à plusieurs dizaines de métiers. Bien que l'ouvrage ne soit traduit en français qu'en 1777, par Antoine François de Fourcroy, il constitue dans l'Europe des Lumières la référence inépuisable de l'étude des maladies et malformations d'origine professionnelle. Un siècle et demi plus tard, dans son célèbre Tableau de l'état moral et physique des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie (1840), le médecin parisien Louis René Villermé prend le contrepied de son diagnostic, en affirmant que la mauvaise santé des ouvriers est essentiellement liée à leur mode de vie hors travail. Ces deux conceptions opposées témoignent du glissement qui s'est opéré en plus d'un siècle d'industrialisation, au moment où la discipline et la soumission des corps deviennent un paramètre essentiel de l'organisation de la production artisanale et industrielle.
Chapeliers et doreurs, victimes du mercure
Au cours du XVIIIe siècle, le développement économique augmente la productivité du travail, apporte de nouvelles techniques de...
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