La moitié des salariés font plus de 35 heures

par Rozenn Le Saint / 20 juillet 2015

Plus de la moitié des salariés dépassent les 35 heures hebdomadaires et près de 10 % effectuent plus de 50 heures. Deux résultats issus de nouvelles exploitations de l’enquête Conditions de travail 2013 menée par les services statistiques du ministère.

Un quart des salariés travaillent 35 heures par semaine, tandis que plus de la moitié (53,5 %) dépassent ce temps de travail, 9,5 % allant même au-delà des 50 heures. C’est ce qu’indiquent les données chiffrées issues d’une nouvelle exploitation de l’enquête Conditions de travail 2013. Ces données sont rassemblées par la direction de l’Animation de la recherche, des Etudes et des Statistiques (Dares) du ministère du Travail dans le numéro 12 de Synthèse.Stat’, intitulé « L’organisation du temps de travail » et publié en juin.

Les temps partiels impactant davantage les femmes, les hommes travaillent davantage : 65 % font plus de 35 heures, contre 42 % pour les salariées. Compte tenu du forfait jours, 80 % des cadres explosent le quota d’heures mis en place par le gouvernement de Lionel Jospin, contre tout de même 57 % des professions intermédiaires, 50 % des ouvriers et 37 % des employés. 73% des travailleurs exercent cinq jours par semaine, plus de 6,5 % six et 1,4 % tous les jours de la semaine.

Le secteur hospitalier mal loti

Le nombre de personnes bénéficiant de deux jours de repos d’affilée par semaine est en légère augmentation par rapport à il y a trente ans (84 %, contre 81 %). Ce n’est pas le cas pour plus d’un quart des agents de la fonction publique hospitalière. Il faut dire que, côté temps de travail, le secteur est mal loti. D’ailleurs, le 15 juillet, FO, Sud, la CGT et l’Unsa ont demandé, dans une lettre ouverte adressée à la ministre de la Santé, un moratoire
sur l’organisation du travail en 12 heures dans la fonction publique hospitalière, soulignant qu’il est établi que ce type d’organisation altère « directement l’état de santé des agents et la sécurité des soins ». Cette lettre ouverte fait également écho au rejet de la réforme voulue par Martin Hirsh à l’AP-HP.

De plus en plus à travailler le dimanche

En revanche, la loi sur le travail dominical étant chaque année un peu plus détricotée, il augmente par rapport à 2005 : de 11 %, on passe à 13 % de personnes concernées en 2013. La moitié des salariés ont les mêmes horaires tous les jours et 6,5 % travaillent habituellement entre minuit et 5 heures du matin (contre 7,3 % en 2005). Les astreintes, elles, contraignent un salarié sur dix.

Egalement en juin, la Dares a publié d’autres résultats de l’enquête Conditions de travail 2013 dans Synthèse Stat’. Intitulé « Intensité du travail et usages des technologies de l’information et de la communication », ce numéro détaille leurs conséquences sur les rythmes de travail, les contraintes organisationnelles et la communication.

L’ORDRE DES MÉDECINS À LA MANŒUVRE

Trois nouvelles condamnations de médecins par des chambres disciplinaires du Conseil de l’ordre ont été recensées par l’association Santé et médecine du travail (SMT). Un psychiatre et deux généralistes ont été soit blâmés soit sanctionnés par une interdiction d’exercer pendant huit jours, pour avoir « attesté de différentes façons d’un lien entre l’état de santé d’un patient et ses conditions de travail, pour des problèmes de psychopathologies », relève le Dr Huez, vice-président de l’association SMT.

Il pointe également que dans un cas, « c’est le Conseil de l’ordre qui a fait appel de la décision de première instance, jugée sans doute trop indulgente ». Le praticien avait écopé d’un simple avertissement. Enfin, l’association SMT remarque que, dans le cas du médecin psychiatre, c’est un simple courrier d’échange avec le médecin-conseil de la Sécurité sociale qui lui vaut d’être blâmé. Pour le Dr Huez, lui aussi poursuivi, « il est clair que l’objectif de la multiplication de ces procédures contre des médecins est de les dissuader de remplir leur mission dès lors qu’elle permet à des patients de faire valoir leurs droits ».

 

UNE ATTEINTE À L’INDÉPENDANCE CHEZ PSA

Un comité de soutien mené par la CGT PSA Peugeot-Citroën s’est mis en place contre le licenciement d’Isabelle Kryvenac, médecin du travail du site Metz-Trémery (Lorraine) et pour le respect du principe de l’indépendance de la médecine du travail. Selon les termes de la pétition qu’il a lancée, la Dre Kryvenac « s’est contentée de demander l’application de la loi en matière d’arrêts maladie, de gestion des accidents du travail et des salariés handicapés, d’effectifs des services de santé pour des usines de cette taille […] ; de demander que la direction la laisse exercer en toute indépendance ; de refuser que ses travaux soient soumis à la direction pour accord ; de ne pas accepter la censure de ces travaux par la direction : c’est son travail ».

La majorité du CE a voté contre le licenciement de la Dre Kryvenac et 750 salariés ont signé la pétition. Un article de Mediapart en date du 25 juin publie plusieurs morceaux choisis issus de la lettre que la médecin a envoyée au DRH du groupe. « Outre les procédures irrégulières concernant ma situation professionnelle, le droit du travail est ouvertement bafoué sur les thèmes sensibles ayant trait à la santé et à la sécurité des salariés », écrit-elle, arguments à l’appui.

A LIRE AILLEURS SUR LE WEB
  • – Sur lexpress.fr, les grandes lignes de la loi Macron, qui étend notamment le travail du dimanche. Mais avant d’être promulguée, indique lemonde.fr, elle devra passer par le Conseil constitutionnel. Finalement, les mesures concernant le compte pénibilité sont reportées dans le projet de loi sur le dialogue social et l’emploi défendu par François Rebsamen, le ministre du Travail.

    – Les résultats d'une enquête sur le devenir professionnel de sujets atteints d'un cancer six ans après la reprise du travail.

    – Une étude sur l'absentéisme dans les collectivités territoriales.