Les délégués mineurs, premiers élus du personnel

par Isabelle Lespinet-Moret maître de conférences en histoire à l'université Paris Ouest Nanterre (unité de recherche Institutions et dynamiques historiques de l'économie et de la société, CNRS) / juillet 2014

Au XIXe siècle, les catastrophes minières font des centaines de victimes. En 1890, après cinq ans de débats parlementaires, une loi soutenue par Jean Jaurès crée les délégués mineurs, élus par les ouvriers et chargés d'une mission de contrôle.

Bassin houiller de la Loire, 3 juillet 1889 : 207 des 214 ouvriers des puits Verpilleux et Saint-Louis, exploités par les Houillères de Saint-Etienne, trouvent la mort au fond, victimes de l'embrasement des poussiers en suspension. Cette explosion vient s'ajouter à la liste déjà longue des accidents survenus tout au long du XIXe siècle dans les mines, dont l'exploitation, intensive et privée, est particulièrement mortifère. Qu'il s'agisse de chutes, d'écrasements, d'éboulements ou encore de coups de grisou suivis d'incendies ou d'inondations, le bilan humain est lourd : les victimes se comptent par dizaines, voire par centaines.

Par sa dimension spectaculaire et collective, l'accident minier capte l'attention des ouvriers, des exploitants, des ingénieurs, de l'administration, mais aussi de l'opinion publique. Il en résulte une législation précoce - par rapport aux autres secteurs industriels - et spécifique pour cette catégorie de travailleurs. Dès 1810, l'administration et les houillères se voient confier la responsabilité d'assurer la sécurité des mineurs, grâce aux "garde-mines" (placés sous l'autorité du préfet) et aux ingénieurs des mines (qui dépendent de l'employeur). Ces...

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