Dénonçons le sexisme ordinaire !

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Laurence Théry directrice du travail
/ juillet 2016

L'affaire Denis Baupin, accusé d'agression sexuelle chez les écologistes, est une opportunité pour pointer l'impensé que constituent les relations infériorisées entre les femmes et les hommes dans le monde du travail.

En effet, ces agissements de harcèlement sexuel s'inscrivent bien dans une continuité des rapports sociaux de sexes. Dévalorisation du travail, assujettissement au service d'un autre, masculin, domination dans les relations de pouvoir : telles sont encore trop souvent les situations "réservées" aux femmes dans l'organisation du travail. Cette ségrégation professionnelle est le terreau de violences sexuelles et sexistes.

Si de tels agissements sont possibles des années durant, dans le déni de l'entourage, le silence des victimes, des femmes dont on peut penser qu'elles étaient informées, soutenues, en capacité (économique, culturelle et sociale) de résister et de dénoncer, que peut-on imaginer pour le reste des femmes au travail, tout particulièrement celles en situation de précarité, dans des emplois sous-qualifiés ? D'après le défenseur des droits, une femme sur cinq est victime de harcèlement sexuel au travail. On ne peut pas dire que ce soit marginal ! Beaucoup d'entre elles font face, retournent au travail, mais beaucoup aussi finissent par renoncer sans que soit révélée la raison de cet abandon...

Pour résister, dénonçons le sexisme ordinaire, celui qui ne fait même pas réagir, mais qui provoque un malaise chez celle qui le subit. N'acceptons plus les remarques désobligeantes, genre "faites ceci, vous serez gentille", sans malice, mais qui confèrent aux femmes une position servile. Et puis, si cela ne suffit pas, battons-nous devant les tribunaux ! Sachons mieux exploiter ce très récent et très discret article 1142-2-1 du Code du travail qui interdit "tout agissement ayant pour objet ou pour effet [...] de porter atteinte à [la] dignité [d'une personne] ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant". C'est peut-être le prix à payer pour imposer la dignité.