La directive « cancérogènes » s’enrichit des reprotoxiques

par Nolwenn Weiler / 22 avril 2022

Cela faisait des mois que les syndicats européens bataillaient pour que les substances toxiques pour la reproduction (ou reprotoxiques) soient intégrées à la directive encadrant l’usage professionnel des produits cancérogènes et mutagènes. Les eurodéputés s’étaient ralliés à leur position en avril 2021 mais la Commission et le Conseil de l’Europe restaient jusqu’alors silencieux. Ils ont finalement donné leur accord en mars dernier pour que la directive1 soit modifiée. « Cela permet d’étendre à l’ensemble des pays européens le droit qui valait déjà dans divers pays, dont la France, qui avaient déjà introduit les reprotoxiques dans leur législation, se réjouit Tony Musu, expert à l’Institut syndical européen (Etui). Les travailleurs seront mieux protégés car les employeurs seront tenus de renforcer les règles de prévention. On peut espérer voir moins de cancers hormono-dépendants se déclencher, car nombre de reprotoxiques sont également des perturbateurs endocriniens. »
L’évaluation des risques et les moyens de prévention devront être consolidés ; l’information, la formation et le contrôle de l'exposition des travailleurs devront être améliorés. La reconnaissance des maladies professionnelles devrait être facilitée. Autre avancée notable : l’intégration dans cette directive européenne des médicaments dangereux. Cela concerne notamment les produits cytotoxiques, utilisés pour soigner les cancers et qui s’avèrent être eux-mêmes cancérigènes (et reprotoxiques). 91 900 salariés y sont exposés chaque année en France.

  • 1Directive 2004/37/CE du Parlement européen et du Conseil du 29 avril 2004 concernant la protection des travailleurs contre les risques liés à l’exposition à des agents cancérigènes ou mutagènes au travail.