Entre science et industrie, des liaisons dangereuses

par Pascal Marichalar sociologue, chargé de recherche CNRS à l'Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (Iris) / juillet 2014

Dès lors que des travaux évaluant la toxicité d'un produit bénéficient de fonds issus de l'industrie, leurs résultats risquent fort d'être biaisés. Et ce, au profit des intérêts des financeurs. Tel est le constat dressé par de récentes études.

Il y a quelques mois, la candidature d'un épidémiologiste à un poste important dans le champ de la recherche française en santé publique a déclenché une intense controverse (voir page 44). Les critiques ont dénoncé son habitude de recourir à des financements issus de l'industrie. Celui que certains de ses pairs ont présenté comme un "mercenaire qui, depuis quelques années, enchaîne les missions de consultance pour les industries polluantes"1 s'est défendu de toute modification de ses résultats en fonction de l'intérêt des financeurs.

Au-delà du cas individuel, l'affaire interroge sur la coexistence possible entre les financements industriels et une recherche scientifique de qualité. Les chercheurs peuvent-ils conserver leur indépendance tout en ayant recours à de tels fonds ? Les procédures de déclaration des conflits d'intérêts suffisent-elles à prévenir toute dérive ? Et inversement, quel est l'intérêt des entreprises à financer des recherches qui pourraient potentiellement aboutir à démontrer la dangerosité de leur production, pour la santé des consommateurs mais aussi des travailleurs ?

Du tabac aux risques professionnels : procès

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    Le Monde, 18 décembre 2013.

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