Eviter les accidents liés au travail à la chaleur

par Jean-Claude Sagot professeur d'ergonomie à l'université de technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM) / juillet 2011

Les métiers exposant à la chaleur se sont profondément modifiés ces trente dernières années. Les risques liés à ce type de contraintes sont néanmoins toujours bien présents pour plus d'un quart des salariés exposés.

Pour vivre, un être humain doit conserver sa température interne constante à 37 °C, quel que soit son environnement. Cela implique un équilibre entre la production de chaleur à l'intérieur du corps et les pertes de chaleur vers le milieu extérieur. Des mécanismes de régulation physiologiques et comportementaux permettent cet équilibre. La production de chaleur interne découle du métabolisme et augmente avec la charge physique de travail. Et le système cardiovasculaire joue un rôle primordial dans le transfert de cette chaleur vers le milieu ambiant, grâce à des variations de débits, réglées par la vasomotricité. Face à une chaleur externe importante, ce mécanisme a des limites. Seule l'évaporation de la sueur produite va permettre, si l'air est assez sec, de refroidir efficacement l'organisme. Le travail à la chaleur peut ainsi conduire à des pathologies, du fait du dépassement des capacités de thermorégulation. Sa combinaison sur le lieu de travail avec des facteurs de risque individuels (âge, santé physique...) et collectifs (organisation de l'activité...) peut aboutir à une augmentation du risque d'accident. Dans des températures extrêmes, un coup de chaleur peut survenir, parfois fatal pour l'organisme.

Normes ISO. Face à ce risque, plusieurs outils peuvent aider le médecin du travail à jouer son rôle de prévention. Dans le domaine du confort thermique, ce dernier peut s'appuyer sur la norme ISO 7730. Celle-ci, grâce à deux indices, PMV (vote moyen prédit) et PPD (pourcentage prédit d'insatisfaits), permet de définir le pourcentage de salariés " satisfaits " ou " insatisfaits " selon l'environnement thermique. Dans les situations de contraintes thermiques particulièrement élevées, d'autres indices - WBGT (pour " wet bulb globe temperature ", norme ISO 7243) et PHS (pour " predicted heat strain ", norme ISO 7933) - sont plus utiles. Le premier constitue le critère d'évaluation rapide adopté pour la protection des salariés dans la législation du travail de plusieurs pays. En cas de dépassement des valeurs de référence du WBGT, une analyse plus détaillée de la contrainte thermique est proposée par l'indice PHS, qui débouche sur la détermination d'une durée maximale de travail admissible pour que 95 % des sujets ne courent aucun risque de déshydratation importante et de dépassement du niveau limite de la température interne (38 °C).