Des immigrés surexposés aux risques psychosociaux

par Frédéric Lavignette / 02 juin 2022

La prévalence des risques psychosociaux (RPS) est plus élevée chez les immigrés et les descendants d’immigrés que dans le reste de la population. Tel est l’enseignement principal qui se dégage d’une étude réalisée par Santé publique France, et dont les résultats ont été rendus publics dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 12 avril dernier.
L’un des objectifs de cette recherche, qui s’est appuyée sur les données du volet RPS de l’enquête Conditions de travail 2016 du ministère du Travail, vise précisément à décrire la prévalence du job strain et de l'iso-strain en fonction du statut migratoire. Deux facteurs de risques, dont l’impact sur la santé mentale et physique est désormais bien établi par la littérature. Pour rappel, on entend par job strain la tension au travail, caractérisée par une faible latitude décisionnelle face à de fortes exigences professionnelles. L’iso-strain est la combinaison d'une situation de job strain et d'un faible soutien social.
Selon les résultats détaillés, il apparaît ainsi que la prévalence du job strain est de 50 % chez les descendants d’immigrés hors Union européenne (UE) et Afrique, de 44 % chez les immigrés originaires d’Afrique et de 36 % chez leurs descendants. Contre 32 % pour la population majoritaire. En ce qui concerne l’iso-strain, la prévalence est cette fois plus élevée parmi les immigrés africains (23 %) et leurs descendants (20 %), que parmi la population majoritaire (15 %).
Santé publique France a également cherché à vérifier si les associations entre le job strain, l'iso-strain et l'anxiété sont similaires pour tous les groupes. Selon l’étude, la prévalence de l’anxiété est particulièrement élevée chez les descendants d’immigrés africains (12 %), alors qu’elle n’est que de 6 % dans la population majoritaire. Toutefois, les analyses multivariées montrent que job strain et iso-strain entraînent de l’anxiété d’abord parmi la population majoritaire. Les descendants d’immigrés originaires d’Afrique sont ensuite affectés, suivis de ceux d’immigrés hors Afrique et Europe, puis des immigrés issus de l’Union européenne.