Insupportable diagnostic
Le gouvernement a mis fin au comité d’évaluation des ordonnances travail, adoptées en septembre 2017. Pratique courante dans de nombreux pays, ce dispositif était relativement inédit au sein de l’Hexagone. Mais un tel bouleversement du dialogue social, avec entre autres choses une fusion des instances représentatives du personnel, méritait bien une évaluation spécifique. Cette démarche exceptionnelle doit beaucoup au duo devenu inséparable de ses deux coprésidents : Jean-François Pilliard, ancien négociateur social du Medef, et Marcel Grignard, ancien numéro deux de la CFDT, deux praticiens expérimentés et engagés. Leur note conclusive est remarquable. Elle décrit la méthode rigoureuse employée, l’écoute de nombreux acteurs et observateurs du dialogue social, la contribution des chercheurs pour mesurer les effets de la réforme. Elle rend aussi compte de la difficulté des nouveaux CSE à s’emparer des questions du travail, la « lassitude des élus devant une mission de plus en plus difficile », les risques pour la « démocratie de représentation », leur inquiétude de « voir les logiques d’affrontement l’emporter ». « La prise en compte de ces enseignements nous semble bien modeste », regrettent les auteurs. Euphémisme. Ce diagnostic était devenu insupportable pour un gouvernement dont l’approche très théorique des enjeux devrait encore s’exprimer à l’occasion de la future loi « travail ». Parions qu’elle méritera peu son nom !