© Johan Keslassy

Conduite du changement : jamais sans les salariés

par Nathalie Quéruel / juillet 2021

Déménagement d’un site, installation de nouvelles machines, mise en place du télétravail, réorganisation de services, restructuration… Les entreprises sont comme des organismes vivants, en perpétuelle transformation. Bien souvent, la conduite du changement est pratiquée de façon verticale, prérogative de la direction qui met sur la table un projet déjà ficelé sur lequel le CSE est consulté de façon formelle, sans pouvoir réellement intervenir. Et si les salariés formulent des réserves, ce n’est que la manifestation d’une « résistance au changement » qu’il s’agit de surmonter bien vite à grand renfort de tours de passe-passe managériaux. Il est temps de changer d’approche. Toute transformation, parce qu’elle entraîne des effets majeurs sur le travail, ne peut se passer de l’expérience de ceux qui le font. Au risque de rater ses objectifs, détériorant tout autant la performance de l’organisation que les conditions de travail. Que les salariés deviennent acteurs du changement ne relève pas de l’utopie. Chaque projet, y compris le plus modeste, est une occasion de l’expérimenter. Ce dossier montre comment il est possible de construire cette participation, d’organiser l’expression de chacun sur son activité quotidienne, de structurer l’action du CSE pour qu’il pèse davantage sur les choix. Une démarche d’autant plus nécessaire qu’elle est un gage de la préservation de la santé.

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L’art et la manière de parler de l’activité

par Philippe Davezies ancien enseignant-chercheur en médecine et santé au travail / juillet 2021

Sortir d’une discussion formatée sur un projet suppose que les premiers intéressés expriment concrètement leur expérience du travail. Une parole que les élus du personnel doivent aller chercher, au-delà des apparences, avec une démarche éprouvée.

Face aux transformations du travail, réduire la position des salariés à la résistance au changement relève d’un tour de passe-passe. En effet, ces derniers ne sont pas uniquement confrontés à des difficultés, des nuisances et des risques qui appellent améliorations et mesures de prévention. Ils souhaitent également une activité plus riche, plus épanouissante. Toute réorganisation peut donc être envisagée comme une occasion pour le personnel de promouvoir ses aspirations. La partie n’est cependant pas facile à jouer pour les représentants des salariés.
En effet, quantité de facteurs de pénibilité sont acceptés par les opérateurs comme inhérents aux situations de travail. L’habitude aidant, une grande partie de l’activité se déroule en pilotage automatique. Quant aux efforts réalisés par chacun pour marquer celle-ci de sa propre sensibilité et de ses propres valeurs, ils semblent au premier abord tenir du style personnel. Tout cela fait rarement l’objet de discussions. Aussi, pour faire émerger les enjeux du travail, ne suffit-il pas de consulter le personnel. Il faut aller à son contact pour l’aider à mettre des mots sur sa pratique quotidienne, de façon à en faire un objet commun...

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