© NATHANAËL MERGUI / MUTUALITÉ FRANÇAISE
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L'ergonomie au service du maintien dans l'emploi

par Milène Leroy / janvier 2012

Le maintien dans l'emploi des salariés en situation de handicap au travail devient de plus en plus difficile. Une situation qui pousse la communauté des ergonomes spécialisés en réadaptation à trouver de nouvelles pistes de prévention.

Il faut " ouvrir de nouvelles pistes ". En matière de maintien ou de retour à l'emploi des personnes en situation de handicap, Ludivine Mas, ergonome et responsable d'un pôle qualité de vie au travail dans une entreprise de transport, fait aujourd'hui le constat des limites des solutions auxquelles elle peut recourir. L'entreprise dans laquelle elle exerce emploie 15 000 salariés. Et pourtant, " les situations d'inaptitude augmentent, alors que les possibilités de reclassement s'amenuisent ", constate-t-elle.

Dans les entreprises, aujourd'hui, la question du maintien dans l'emploi se pose dès la reconnaissance d'un handicap ou l'apparition d'une pathologie chronique. Elle se complique sérieusement avec le vieillissement des salariés dû à l'allongement des carrières professionnelles. Et elle ne trouve parfois pas de réponse du fait de l'évolution des rythmes et de l'organisation du travail, ou encore des technologies. Un constat que Ludivine Mas a pu partager avec d'autres professionnels du maintien dans l'emploi au cours du 18e congrès du Groupement d'étude pour le développement de l'ergonomie en réadaptation (Geder), les 17 et 18 novembre, à Avignon (Vaucluse).

La prévention de la désinsertion professionnelle des personnes en situation de handicap au travail est désormais soutenue par diverses dispositions législatives et réglementaires. En 2002 puis en 2005, ces dispositions " sont venues rappeler la nécessité de prévenir l'exclusion des personnes vulnérables du monde du travail ", explique le président du Geder, Samuel Libgot. C'est aussi une des missions prioritaires de la branche accidents du travail-maladies professionnelles de la Sécurité sociale, qui prévoit un " renforcement des engagements pour aider le retour au travail et prévenir les risques ", précise cet ergonome.

Multiples acteurs

Néanmoins, la réussite du maintien dans l'emploi est complexe. " La prévention de la désinsertion concerne de multiples acteurs ", indique Sylviane Séchaud, déléguée régionale Bourgogne et Franche-Comté de l'Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph) La réussite implique de trouver les bonnes liaisons entre les assistantes sociales, les médecins du travail, les caisses d'assurance retraite et de la santé au travail (Carsat) ou les services d'appui au maintien dans l'emploi des travailleurs handicapés (Sameth). " Environ 16 000 personnes ont été maintenues en emploi grâce à leurs interventions ", note-t-elle.

De son côté, Ludivine Mas a témoigné de l'expérience menée depuis quatre ans dans son entreprise. " L'idée était de prévenir les inaptitudes au travail prononcées après une maladie professionnelle ou un accident du travail ", avant que celles-ci ne se traduisent par un licenciement. Pour ce faire, des indicateurs ont été mis en place pour repérer les salariés en difficulté, ainsi qu'un accompagnement pour ceux en arrêt de travail, avec une visite de pré-reprise systématique pour anticiper d'éventuels aménagements de poste. En parallèle, divers accords collectifs - sur le handicap, l'emploi des seniors, la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) - ont été signés. A l'arrivée, les trois quarts des salariés concernés ont été maintenus dans l'emploi. " En cas d'échec, un accompagnement vers un autre projet professionnel a été mis en oeuvre ", complète Ludivine Mas. Désormais, elle recherche de nouvelles pistes de prévention. Une d'elles repose sur une meilleure prise en compte de l'expérience du salarié dans la gestion des ressources humaines.