L'OIT s'attaque à la violence et au harcèlement

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Bernard Dugué ergonome
/ octobre 2019

En juin, lors de la 108e Conférence internationale du travail à Genève, un accord portant sur l'élimination de la violence et du harcèlement au travail a enfin été trouvé. Grâce à un travail important de préparation - notamment des délégations francophones - et à une coordination efficace avec les représentants des organisations syndicales, l'Organisation internationale du travail (OIT) a adopté une convention et une recommandation. La première indique que "l'évaluation des risques sur le lieu de travail devrait tenir compte des facteurs d'aggravation des risques de violence et de harcèlement, y compris les dangers et risques psychosociaux" ; la seconde stipule qu'"une attention particulière devrait être accordée aux dangers et risques qui découlent des conditions et modalités de travail, de l'organisation du travail ou de la gestion des ressources humaines". Que cette agence de l'ONU décide de ne pas traiter la violence et le harcèlement au travail comme une simple question de comportements individuels représente une avancée notable. L'application des principes énoncés dans la recommandation suppose qu'on cherche à comprendre quelles sont les caractéristiques de l'organisation du travail et du management qui peuvent générer, favoriser ou amener à tolérer de telles dérives. En France, si la situation s'est améliorée, 15 % des salariés, soit trois millions de personnes, estiment encore être l'objet de comportements hostiles ou ressentis comme tels dans le cadre de leur travail, selon l'enquête Sumer 20171 . Les comités sociaux et économiques (CSE), comme tous les acteurs de la prévention, ne peuvent donc que se réjouir de cette nouvelle référence commune. Elle devrait les aider à ancrer plus fortement leur démarche dans un questionnement large du fonctionnement des entreprises et des administrations, qui leur permettrait de remonter aux causes profondes de ces pratiques et de prévenir les atteintes à la santé qui en découlent.

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    Enquête Surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels.