La lutte des Penarroya contre le plomb

par Laure Pitti historienne et maître de conférences à l'université Paris 8. / avril 2008

En 1971 et 1972, les ouvriers immigrés des usines Penarroya, spécialisées dans le retraitement du plomb, ont défendu leur droit à la santé par la grève, avec le soutien de médecins, ouvrant ainsi la voie à une meilleure prise en charge du saturnisme.

Le 9 février 1972, les 105 ouvriers de l'usine Penarroya de Gerland, à Lyon, se mettent en grève illimitée. Ils veulent de meilleurs salaires, de meilleures conditions de travail, de logement et de santé. Les revendications sur la santé au travail sont au coeur de la mobilisation. Les ouvriers dénoncent notamment un diagnostic trop tardif du saturnisme et des dispositifs de prévention insuffisants. Car l'usine Penarroya de Lyon récupère et retraite du plomb, notamment celui des batteries automobiles. Il en est de même pour les quatre autres usines Le Nickel-Penarroya-Mokta - alors premier producteur français de plomb - situées à Noyelles-Godault (Pas-de-Calais), à Escaudoeuvres (Nord), à Saint-Denis, en région parisienne, et à l'Estaque, près de Marseille. Comme les autres sites du groupe, celui de Lyon emploie en majorité des travailleurs immigrés, issus pour l'essentiel du Maghreb et exposés quotidiennement aux dangers du saturnisme.

Les images de l'époque montrent des usines enfumées, où les ouvriers travaillent sans protection ni aération, cassant les batteries à la hache, sans gants, ni chaussures, ni visières de sécurité. Les témoignages concordent pour dénoncer l...

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