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Le blues des managers

par Stéphane Vincent François Desriaux / avril 2013

Les cadres aussi souffrent au travail. Alors qu'ils ont fait les frais de la vague médiatique sur le harcèlement moral dans les années 1990, ils sont aujourd'hui eux-mêmes victimes de dépression, de burn out et parfois poussés au suicide.

Il faut dire qu'ils ont beaucoup perdu : de chefs (petits ou grands) investis de pouvoirs arbitraires et de l'autorité, ils sont devenus managers ou encadrants de proximité, soumis comme leurs collaborateurs à de multiples pressions liées à la demande, à l'interdépendance des organisations et au contrôle de systèmes de reporting de plus en plus exigeants. L'encadrement autonome s'est réduit comme peau de chagrin et a laissé place à l'encadrement contraint.

Accaparés par l'alimentation de la "machine de gestion", censés motiver leurs troupes à l'aide de la bonne parole de la direction, les managers sont de plus en plus coupés du travail réel. Et de moins en moins en capacité d'aider leurs équipes à résoudre les difficultés de l'activité, d'arbitrer entre les injonctions contradictoires que sont la productivité à augmenter, la qualité à maintenir, le service au client à satisfaire, les coûts à maîtriser...

Le salut, pour eux-mêmes et pour leurs collaborateurs, passe par la reconquête de marges de manoeuvre. Plus sûrement que par des formations au "bon management".

Le métier perdu des encadrants d'EDF

par Isabelle Mahiou / avril 2013

A EDF, les encadrants de proximité se transforment en managers. Confinés dans le suivi de dispositifs gestionnaires et règlementaires, coupés des réalités du terrain, certains ont le sentiment de perdre leur métier. Une source de souffrance.

Au cours des années 2000, EDF est passé du statut d'établissement public, en position de monopole, à celui de société anonyme sur un marché de l'électricité ouvert à la concurrence. Le groupe a alors cherché à se rapprocher de ses concurrents, en transformant son organisation et ses méthodes managériales. La productivité et la rentabilité sont devenues des priorités. Et dans ce processus de "modernisation", l'encadrement de proximité a été fortement mis à contribution. "Il lui revient à la fois de "conduire le changement" sans disposer de beaucoup d'autonomie, et de favoriser l'engagement au travail des salariés, ou du moins leur acceptation de cette nouvelle donne", écrit Emmanuel Martin, auteur d'une thèse de sociologie sur le sujet (voir "Sur le Net"). Une position délicate, où les "petits chefs" sont censés, avec l'appui d'outils et de formations, se muer en managers Responsabilisés sur les résultats de leur équipe, dans une logique d'individualisation des objectifs, ils doivent gérer et évaluer les compétences des "encadrés" et, globalement, faire leurs les projets qui modifient l'organisation.

Ces évolutions de l'entreprise se sont traduites par une multiplication des...

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