Pays d’accueil contaminant

par
© Nathanaël Mergui-FNMF © Nathanaël Mergui-FNMF
Serge Volkoff, Statiscien et ergonome
/ janvier 2023

Si l’on discute de la « générosité » ou du « laxisme » des mesures favorisant « l’immigration de travail », il vaut la peine de regarder, et rapprocher, les résultats de deux études sur l’impact du Covid-19. La première porte sur la mortalité des immigrés pendant la vague pandémique du printemps 2020. Chez les 40-69 ans, les taux de mortalité en excès ont été trois à quatre fois plus élevés chez les immigrés du Maghreb ou d’Asie, et huit fois plus chez ceux venus d’Afrique subsaharienne, que chez les personnes nées en France. Les auteurs évoquent, parmi les explications probables, la présence de nombreux immigrés dans les emplois « essentiels » (donc maintenus) et « non télétravaillables ». La deuxième, une recherche sociologique menée en 2021-2022 dans le secteur du nettoyage, n’est pas centrée sur les étrangers mais on peut rappeler leur forte proportion dans le secteur (22 % dans ce secteur, contre 8 % ailleurs). L’étude décrit des agents de propreté « livrés à eux-mêmes » et « contraints à la débrouille » dans le « contexte inédit » de la crise sanitaire — d’autant plus « s’ils sont privés d’accès à la langue française ». D'où de fortes probabilités de contamination. De quoi se dire que dans un débat ouvert et rationnel sur l'immigration, la santé au travail devrait avoir toute sa place.