© Nathanaël Mergui/Mutualité française
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Pourquoi les cancers professionnels sont sous-déclarés

par Anne Marchand, sociologue et historienne, post-doctorante au Giscop93 (université Paris 13) et chercheuse associée au laboratoire Institutions et dynamiques historiques de l'économie et de la société (Idhes, université d'Evry) / avril 2019

La plupart des victimes d'un cancer professionnel n'engagent aucune démarche d'indemnisation. Par ignorance de leurs droits, voire de la possibilité d'un lien entre travail et maladie. Ou faute d'informations sur leurs expositions au risque toxique.

Depuis près de quarante ans, de nombreux acteurs s'alarment d'un phénomène massif de sous-déclaration et de sous-reconnaissance en maladie professionnelle de cancers, atteintes à la santé dues au travail parmi les plus extrêmes. Ainsi, selon les estimations du dernier plan cancer, de 14 000 à 30 000 personnes - et sans doute beaucoup plus - seraient chaque année victimes d'un cancer lié à leur activité professionnelle. Pourtant, moins de 2 000 d'entre elles obtiennent la reconnaissance de leur pathologie en maladie professionnelle par l'Assurance maladie. Comment s'explique un tel écart ? Les bénévoles des permanences associatives et syndicales qui soutiennent les malades du travail dans leurs démarches le savent bien : faire reconnaître une pathologie en maladie professionnelle s'apparente à un parcours du combattant. Le droit à réparation apparaît très spécialisé, la procédure est complexe, les échanges avec les caisses primaires d'assurance maladie s'avèrent compliqués, sans compter la réticence des médecins à jouer le rôle que leur confie la loi, celui de rédiger les certificats médicaux nécessaires à l'accès au droit.

Dans l'ombre, invisibles et inaudibles, des milliers de...

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