Poussée de fièvre à l'hôpital Tenon

par John Sutton / janvier 2011

Après plusieurs semaines de grève aux urgences contre le manque de personnel et pour l'amélioration des conditions de travail, l'hôpital Tenon, dans le 20e arrondissement de Paris, sort lentement de la crise. La direction de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et les syndicats de l'établissement ont tenu une première réunion le 19 novembre, suivie d'autres en décembre. L'AP-HP a annoncé le recrutement, d'ici à fin janvier, de 49 infirmières, 24 aides-soignantes et 4 manipulateurs en électroradiologie. " Avec un déficit de 10 infirmières en moyenne par service, il faudrait en embaucher le double ", estime Patrick Lardeux, délégué CGT de l'hôpital. Il salue néanmoins l'ouverture " de vraies négociations, avec un calendrier et une méthode de travail ". Le syndicaliste souhaite aussi discuter de l'organisation du travail, pour " arrêter l'hémorragie de personnel ".

Droit de retrait. A Tenon, une soixantaine de postes d'infirmières sur 600 sont vacants. Le 5 novembre, quatre infirmières des urgences, s'estimant " épuisées " et jugeant les effectifs insuffisants pour assurer le bon fonctionnement de leur service, avaient exercé leur droit de retrait. " Parfois, on est dans l'illégalité. Il y a quinze jours, un infirmier a travaillé 18 heures : il a bossé l'après-midi et a enchaîné la nuit ", s'insurge l'une d'elles. " Ici, c'est formateur, on fait de l'humanitaire ", ironise Sophie, sa collègue des urgences, où les malades s'entassent dans les couloirs. " On a tous moins de 30 ans, et on se retrouve avec une hernie discale à force de manipuler des brancards qui pèsent 200 kilos ", témoigne un autre infirmier. Le 8 novembre, au cours d'une réunion extraordinaire, le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail a décidé de confier un audit à l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact), afin d'élaborer un plan d'action. Le médecin du travail, Maryse Salou, a alors rappelé que les infirmières étaient soumises " à de multiples risques graves, autant physiques que psychosociaux ", se référant aux horaires décalés et à la confrontation avec la souffrance et la mort des patients.