Prescription contre le mal-être à l'hôpital

par Nathalie Quéruel / juillet 2011

Une vaste enquête de la CFDT vient de disséquer le mal-être du personnel soignant hospitalier pour en révéler les symptômes et les causes. Parmi les remèdes proposés : agir sur l'organisation médicale, plutôt que d'embaucher massivement.

L'enquête que la CFDT Santé sociaux vient de réaliser auprès du personnel soignant, avec près de 40 000 réponses, donne une idée précise de l'ampleur du mal-être à l'hôpital public. Pas moins de 71 % des personnes interrogées affirment que le travail a un effet négatif sur leur santé : 57 % souffrent de stress, 41 % de douleurs musculaires, 20 % de troubles du sommeil. Sont pointées les conditions de travail : deux agents sur trois estiment que la charge de travail, son intensité et l'accélération de son rythme contribuent le plus à leur dégradation. Celle-ci est ressentie plus fortement par les aides-soignants et les infirmiers, et particulièrement dans les services de gériatrie, médecine, chirurgie, urgences et obstétrique.

Trop de tâches administratives

Le manque de personnel semble jouer un rôle important : 62 % des agents travaillent en effectif minimum toute la semaine et 42 % disent être rappelés sur leur temps de repos. La désorganisation du travail pèse sur la vie personnelle : 50 % ne peuvent prendre leurs congés ou RTT comme ils le souhaitent, 30 % dépassent régulièrement leur journée de travail, 28 % subissent des changements d'horaires intempestifs. Une situation d'autant plus difficile à vivre que 83 % ne se sentent pas reconnus dans leur travail, alors qu'ils sont 97 % à affirmer s'y investir.

Pourtant, dans les propositions avancées par la CFDT, il n'est pas question d'embauches massives. Le syndicat préconise le recrutement de secrétaires médicales, afin de décharger les soignants des formalités administratives. En effet, 39 % d'entre eux estiment que l'augmentation de ces tâches dégrade leurs conditions de travail. Pour Dominique Coiffard, secrétaire national chargé du secteur public, réclamer des effectifs supplémentaires dans un contexte de fort déficit de la Sécurité sociale risquerait de se traduire par un coup d'épée dans l'eau. Mais, poursuit-il, " il y a des éléments concrets, comme l'organisation du travail et la reconnaissance, sur lesquels il est possible d'apporter des améliorations ; cela permettrait de faire baisser le taux d'absentéisme, qui peut grimper jusqu'à 20 % dans certains secteurs ".

La CFDT propose ainsi de mettre en place des indicateurs pour identifier les causes réelles de l'absentéisme - burn out, stress, équipes vieillissantes. Elle souhaite aussi libérer la parole du personnel, avec des réunions trimestrielles rassemblant agents, cadres, médecins, et favoriser les collectifs de travail, avec un vrai temps de transmission. Le syndicat préconise d'instaurer des pools de remplacement, de reconnaître la polyvalence, d'accompagner la promotion professionnelle, etc. Mais le chantier principal est de revoir l'organisation médicale, loin d'être en adéquation avec la réalité des services. En effet, 59 % des agents déclarent que le médecin maintient le nombre de prises en charge de patients sans tenir compte des effectifs ; 54 % disent que celui-ci fait des prescriptions par téléphone et 42 % ont été confrontés au refus du médecin de garde de se déplacer, des sources de stress pour les soignants. Selon Dominique Coiffard, " avec une meilleure articulation entre organisation médicale et non médicale, un tiers des mauvaises conditions de travail serait résorbé "