Est-ce un privilège d'avoir les moyens de bien travailler ?

par Serge Volkoff / octobre 2008

Combien y a-t-il de salariés qui pensent faire un travail de bonne qualité ? Les statistiques n'apportent pas de réponse catégorique - et cela se comprend. Si l'on posait une question générale, du genre "Etes-vous satisfait du résultat de votre travail ?", une réponse franche et répandue serait : "Ça dépend." D'un jour à l'autre, d'une tâche à l'autre, selon les circonstances, on peut passer du sentiment d'avoir bâclé sa besogne à celui d'avoir, tout de même, réussi quelque chose. Si l'on veut juste repérer ces satisfactions partielles et irrégulières, on peut demander aux salariés s'il leur arrive d'éprouver la fierté du travail bien fait ou l'impression de faire quelque chose d'utile aux autres. Les réponses affirmatives sont alors archimajoritaires : plus de 90 % de oui pour la fierté et plus de 80 % pour l'utilité, par exemple, dans l'enquête SVP501 en 2003. Il est rare qu'un salarié juge - et dise à un enquêteur - qu'il ne fait jamais rien de bon.

 

Manque d'effectifs.

On en apprend davantage en interrogeant chacun sur les moyens qui lui permettent ou non de bien faire son travail. D'après les données nationales (voir tableau ci-contre), quand on examine ces moyens un à un, les réponses positives demeurent majoritaires : pour la plupart des enquêtés, telle ressource est convenable ou suffisante pour que la qualité du travail n'en souffre pas trop. La principale cause de difficulté semble être le manque d'effectifs, qui empêche plus d'un salarié sur trois de faire du bon travail. Le paysage change quand on calcule combien de salariés sont pourvus de moyens adéquats dans tous les domaines à la fois. C'est seulement le cas de moins d'un cinquième d'entre eux, avec en outre de nettes différences entre les catégories sociales, les ouvriers non qualifiés étant particulièrement défavorisés. Pouvoir assurer la qualité du travail en étant à la fois bien formé, doté d'un bon matériel, avec des marges de temps suffisantes et un collectif de travail assez disponible apparaît comme un privilège.

 

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    "Santé et vie professionnelle après 50 ans".