Le rôle crucial des entreprises donneuses d'ordre

par Michel Héry ingénieur chimiste, chargé de mission à l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) / janvier 2009

Gardiennage, restauration, maintenance, nettoyage industriel... sont autant d'activités désormais sous-traitées dans la plupart des entreprises. S'agissant d'expositions aux cancérogènes, tous les métiers ne sont bien sûr pas concernés. Quoi qu'il en soit, quand ils le sont, la prise en compte des risques et la mise en place de mesures de prévention demeurent insuffisantes. Outre les substances cancérogènes qu'ils peuvent être amenés à utiliser eux-mêmes ou que leur activité génère (silice, fumées de soudage, etc.), les travailleurs de la sous-traitance sont potentiellement exposés aux polluants du procédé sur lequel ils interviennent. On se situe alors dans une logique de polyexpositions potentielles. Or leurs conséquences éventuelles ne peuvent pas être mises en évidence dans cette population, en raison de son éclatement géographique et du temps de latence de ces pathologies.

Plan complet. Compte tenu du mode d'organisation de la production (travailleurs "nomades" intervenant sur des chantiers différents ou rotation régulière des entreprises titulaires du contrat), l'entreprise utilisatrice tient un rôle capital dans la prévention du risque cancérogène. Elle doit ainsi attirer l'attention de l'entreprise extérieure sur les risques encourus à travers un plan de prévention complet et directement opérationnel. Elle doit aussi mettre éventuellement à sa disposition des équipements qui permettent des interventions dans des conditions de santé et de sécurité satisfaisantes.

L'action du donneur d'ordre ne s'arrête pas là : il lui revient d'améliorer la prévention en l'intégrant le plus en amont possible. On peut supposer que l'évaluation des risques et le respect de la réglementation sur l'utilisation des cancérogènes auront conduit la plupart des entreprises utilisatrices à en limiter l'usage à ce qui n'est pas évitable. Cependant, l'expérience montre qu'en termes de conception des installations, de gros progrès restent encore à faire pour rendre plus sûres les interventions des entreprises extérieures spécialisées dans le nettoyage ou la maintenance. Une diminution des expositions passe en particulier par de meilleures "maintenabilité" et "nettoyabilité". A cet égard, des responsables d'entreprises extérieures signalent comme une piste d'amélioration la possibilité d'être associés à la conception des installations où leurs collègues et eux seront amenés à intervenir.

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  • La sous-traitance interne, ouvrage coordonné par l'INRS, à BiblioItemître ce trimestre aux éditions EDP Sciences.