Des salariés mieux formés pour échapper à la pénibilité

par Michel Niezborala médecin du travail / janvier 2012

L'objectif de réduire la pénibilité physique du travail peut sembler n'avoir qu'un lointain rapport avec les politiques de formation tout au long de la vie professionnelle. Pour atteindre cet objectif, la priorité est d'essayer d'agir sur le travail lui-même : le bon sens et la réglementation l'exigent. Mais l'expérience montre qu'il n'est ni facile ni toujours possible d'améliorer toutes les situations de travail. Dans cette hypothèse, il est légitime d'essayer de limiter la durée d'exposition des salariés à ces contraintes. Il s'agira alors soit de favoriser l'alternance des tâches et la polyvalence, soit de permettre aux salariés d'évoluer à terme vers des emplois présentant moins de difficultés sur le plan physique. Dans un cas comme dans l'autre, une formation sera en général nécessaire. Or, en pratique, on constate que moins les salariés sont qualifiés, moins souvent ils bénéficient de la formation professionnelle continue.

Fins de parcours difficiles

L'enquête Visat (pour " Vieillissement, santé, travail ") a suivi des salariés du Sud-Ouest de la France entre 1996 et 2006. Elle a permis d'observer le parcours professionnel de 806 salariés qui, après avoir déclaré en 1996 " faire des efforts physiques importants, rester longtemps debout ou maintenir des postures inconfortables ", ont été revus en 2001 et étaient toujours actifs. Il a ainsi été possible d'étudier les facteurs qui peuvent prédire le maintien de cette exposition. Le profil type du salarié n'arrivant pas à s'extraire de conditions de travail pénibles sur le plan physique est celui d'un salarié peu formé, peu qualifié, fortement exposé, éprouvant des difficultés dans le travail et dont l'état de santé est déjà dégradé. Quand on les interroge, ces salariés doutent de leur capacité à " tenir " dans leur poste actuel jusqu'à l'âge de la retraite, mais ils envisagent rarement de se former pour en changer. Le manque d'information sur les possibilités d'accès à la formation joue probablement un rôle dans cette attitude, mais c'est surtout le manque de confiance dans leur capacité à apprendre qui les freine. D'un autre côté, les entreprises ne voient pas toujours l'intérêt de former ces salariés qui ne demandent pas à l'être. On voit donc que, pour préserver leur santé, il existe de véritables enjeux relatifs à la formation. Ces derniers concernent la sensibilisation des entreprises, l'information et l'accompagnement des salariés les plus à risque et l'élaboration de programmes dont les modalités pédagogiques soient adaptées à leur profil.