Six cancers surreprésentés dans l’agriculture

par Frédéric Lavignette / 21 janvier 2021

Etudier l’influence des expositions professionnelles agricoles dans l’apparition de cancers, tel est l’objectif de l’étude « Agriculture et cancer » (Agrican), lancée en 2005. Un bulletin de résultats de cette vaste enquête, réalisée par questionnaires auprès de 180 000 travailleurs de 11 départements affiliés à la Mutuelle sociale agricole (MSA), a été rendu public fin novembre 2020. Il laisse d’abord apparaître que la mortalité toutes causes confondues de la cohorte Agrican est inférieure de 25 % à celle de l’ensemble de la population française. Il n’en reste pas moins que 6 des 43 types de cancers suivis par l’enquête touchent plus fréquemment les travailleurs du secteur agricole que le reste de la population.
Les hommes de la cohorte sont, par exemple, davantage atteints par le cancer de la prostate (+ 3 %), lequel représente un tiers des cancers diagnostiqués. Une maladie qui touche plus spécifiquement les hommes qui ont utilisé des insecticides sur bovins, notamment dans les années 1960, avec un excès de risque de 20 % (60 % si le nombre de bêtes dépasse les 150). Sinon, cet excès de risque est de 10 % chez les éleveurs de porcs et de 20 % chez les utilisateurs de pesticides sur blé et orge.
Plus fréquents également, les mélanomes de la peau (+ 29 % chez les femmes de la cohorte) et le myélome multiple (+ 21 % chez les femmes et + 20 % chez les hommes). Ce dernier semble être favorisé par l’emploi de pesticides sur cultures (+ 40 %), ou lors de la désinfection des locaux d’élevage (+ 70 % de risques avec du bétail ovin), ou encore via l’utilisation d’insecticides sur animaux (+ 50 % en élevage ovin). Plus rare (0,4 % des cancers retrouvés), le cancer des lèvres est en excès de + 55 % chez les hommes de la cohorte comparé à la population générale. Quant au lymphome plasmocytaire/maladie de Waldenström, l’excès est de + 49 % chez les hommes et de + 58 % chez les femmes. Les lymphomes non-Hodgkiniens représentent un excès de + 9 %. Là encore, l’emploi d’herbicides, de pesticides et de désinfectants augmente les risques.