© Jérôme Panconi
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« La souffrance au travail est devenue un business »

entretien avec Sylvaine Perragin, psychologue du travail
par Elsa Fayner / juillet 2019

Dans Le salaire de la peine, la psychologue du travail, consultante spécialiste des risques psychosociaux, accuse certains de ses pairs de "vendre aux entreprises ce qu'elles veulent acheter", à l'encontre de l'éthique professionnelle.

Psychologue du travail, vous recevez des patients et intervenez également en entreprise. En quinze ans de pratique, qu'avez-vous constaté ?

Sylvaine Perragin : J'ai observé un double mouvement très paradoxal. D'un côté, la souffrance au travail est aujourd'hui hypermédiatisée. De l'autre, elle n'a pas baissé, elle a peut-être même augmenté. D'abord parce que les cabinets de consultants qui procèdent aux évaluations des risques psychosociaux préconisent des solutions qui ne sont pas souvent appliquées. Ensuite, et surtout, parce que ces mêmes cabinets ne vendent pas du bien-être au travail, mais du bien-être pour que l'entreprise soit encore plus rentable !

La souffrance au travail est devenue un business. Du coup, les cabinets proposent aux entreprises ce qu'elles veulent acheter, alors même que les consultants sont censés avoir une éthique. Quand, par exemple, on leur demande des formations aux entretiens individuels d'évaluation, ils peuvent refuser - notamment parce que l'on sait depuis longtemps que ces entretiens cassent les collectifs -, surtout si, par la suite, on leur réclame des formations pour ressouder ces mêmes collectifs... Personnellement, c'est ce que je fais ...

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