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Vie pro / Vie perso : la fin des frontières

par François Desriaux / juillet 2014

"Travailler ou vivre, il faut choisir !" Verra-t-on un jour fleurir ce slogan, à l'instar de celui lancé par la Prévention routière, "Boire ou conduire..." ? Entre le travail du dimanche, l'explosion des horaires atypiques et le fil à la patte que représente la généralisation des smartphones et autres ordinateurs portables, les limites temporelles entre la vie personnelle et l'activité professionnelle deviennent plus floues. Le trop-plein de la vie de travail déborde largement sur les loisirs et la famille, notamment pour les cadres. Dans la grande distribution ou le nettoyage, la journée commence tôt et finit tard, avec des coupures sans réelle liberté de disposer de son temps. Dans la maintenance, c'est sa vie qu'il faut traîner avec soi, au gré des chantiers.

Préserver un équilibre entre ces temps professionnels et privés est un enjeu de santé et de réalisation de soi, les salariés voulant pouvoir mener de front plusieurs projets, professionnels et personnels. Favoriser cette conciliation est une des dispositions de l'accord national interprofessionnel sur la qualité de vie au travail de juin 2013. Mais son contenu reste vague et peu contraignant. Et pour cause. Les entreprises veulent conserver une grande disponibilité de leurs salarié(e)s, en évitant juste les excès et... les perturbations du travail par les aléas de la vie privée. Dans ce dossier, nous défendons un autre point de vue : c'est en priorité sur le travail, son organisation, son contenu et ses horaires qu'il faut agir.

Sous-traitants et nomades du nucléaire

par Elsa Fayner / juillet 2014

Parmi les salariés sous-traitants du nucléaire, certains sont amenés à se déplacer de site en site, au gré des opérations de maintenance. Un mode de vie nomade pénalisant pour la vie familiale, usant pour la santé, mais parfois revendiqué. Reportage.

5 heures du matin. Eric1 traverse le parking de la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime), son casque à la main. Le chantier auquel il a participé se termine. Après deux mois, le quadragénaire va repartir, il ne sait où ni combien de temps. Il a appris qu'il venait ici trois semaines avant de commencer. Tous les logements étaient loués, mais il a fini par trouver un chalet meublé. Aujourd'hui, les trois quarts des opérations de maintenance des centrales nucléaires françaises sont effectuées par des salariés d'entreprises sous-traitantes comme Eric. Au nombre de 22 000, ces travailleurs vivent pour certains près d'une centrale. D'autres n'interviennent loin de chez eux que quelques mois par an. Les derniers, véritables nomades du nucléaire, ne font que se déplacer.

"Une partie des sous-traitants travaille en CDI et peut négocier un peu sa mobilité, explique Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et spécialiste des questions de santé au travail. Mais plus on descend dans la hiérarchie des tâches - vers le calorifugeage, la logistique, etc. -, moins c...

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    Tous les prénoms ont été modifiés.

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