Syndrome aérotoxique : la justice donne une existence légale à la maladie professionnelle

par Eliane Patriarca / 03 juin 2025

Les procédures en justice s’accumulent pour la reconnaissance en maladie professionnelle du syndrome aérotoxique, une constellation de troubles provoquée par des émanations toxiques dans les avions.
Le 22 mai 2025, un steward d’Air France a été entendu par une juge d'instruction du pôle parisien environnement et santé publique. En avril 2024, il avait déposé plainte contre son employeur avec constitution de partie civile, suite à trois malaises qu'il impute à ce syndrome. 

Sollicité par l'AFP, Air France a répondu n'avoir « pas connaissance d'une telle procédure qui constitue la deuxième information judiciaire à Paris visant cet ensemble de symptômes dénoncé par des personnels navigants aériens depuis des décennies, non  répertorié dans les tableaux de maladies professionnelles, et pourtant décrit dès 2001 par des scientifiques : céphalées, vertiges, vision trouble, confusion, nausées, diarrhées, palpitations, pertes de mémoire, capacité respiratoire diminuée...
"Sur la quasi-totalité des avions de ligne, l'air respiré à bord (...) est contaminé par l'huile utilisée pour la lubrification" des moteurs qui contient des "additifs toxiques", dénonce l'Association des victimes du syndrome aérotoxique (Avsa), fondée en 2016.

Le 10 avril 2025, ce sont deux arrêts de la cour d'appel de Toulouse qui ont reconnu la « réalité » de cette maladie professionnelle pour la justice : les magistrats ont confirmé la faute inexcusable de la compagnie Easyjet, envers un pilote intoxiqué par des fumées de réacteur. « L'existence de ce risque, appelé fume event, a été largement documenté, ainsi qu'il en est justifié par le salarié, qui produit les nombreuses études scientifiques réalisées et publiées depuis le tournant du siècle sur le sujet, que la compagnie ne pouvait ignorer », lit-on dans l’arrêt. Le même jour, elle a condamné la caisse primaire d'assurance maladie (Cpam) de la Haute-Garonne à reconnaitre et indemniser comme maladie professionnelle le syndrome dont souffre un copilote. 

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