Télémédecine… du travail ?

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© N. M./FNMF © N. M./FNMF
Mélissa Menetrier médecin du travail
/ janvier 2020

Présentée dans le rapport Lecocq1 comme un outil innovant dont l’usage doit être développé, la télémédecine a pointé le bout de son nez dans les services de santé au travail (SST). Des cabines de téléconsultation ont été installées ici ou là, dans des centres manquant de médecins qualifiés ou dans de grandes entreprises afin d’éviter des déplacements. Plus inquiétante est l’apparition de SST dont le fonctionnement est entièrement tourné vers la téléconsultation et qui s’adressent notamment aux agences d’intérim ou aux entreprises multisites. Leur organisation repose sur une base de médecins ou d’infirmières qui consultent depuis chez eux et de médecins « régionaux » qui, eux, peuvent se déplacer en entreprise. Pour la majorité des salariés concernés, le praticien n’aura pas d’action sur leur lieu de travail. Or, on parle ici de personnes qui n’ont jamais été vues dans le service, potentiellement précaires, avec des expositions multiples. On ne peut que s’interroger sur la qualité de leur suivi, en particulier pour ceux qui auraient pu avoir une consultation dans un service classique. Comment un médecin uniquement téléconsultant pourra-t-il jouer son rôle d’alerte en cas de conditions de travail dangereuses pour la santé ? 

  • 1« Santé au travail : vers un système simplifié pour une prévention renforcée », rapport de Charlotte Lecocq, Bruno Dupuis et Henri Forest remis au Premier ministre le 28 août 2018.