Les TMS ont un coût pour l'entreprise

par Jean-Michel Schweitzer chargé de mission à l'Association régionale pour l'amélioration des conditions de travail (Aract) Lorraine. / avril 2008

l est parfois difficile pour des directions d'entreprise d'investir à long terme dans la prévention des troubles musculo-squelettiques. En effet, du fait des multiples facteurs d'exposition et d'effets différés sur la santé des salariés, la diminution des TMS peut être difficile à percevoir.

A partir de ce constat, l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail, en collaboration avec deux équipes spécialisées1 en gestion et stratégie d'entreprise, a souhaité évaluer les coûts d'une prévention inefficace. Une étude a été menée dans plusieurs entreprises ayant des activités variées. Au final, trois types de coûts ont été identifiés : les coûts directs, de régulation et stratégiques.

Les coûts directs sont directement imputables aux TMS et à leur gestion. C'est la part la plus simple à évaluer d'un point de vue comptable. Ils sont composés des cotisations à l'assurance maladie, des indemnités versées pour les salariés malades, des frais liés à l'aménagement des postes de travail et, enfin, des temps passés pour gérer les dossiers des salariés touchés.

Les coûts de régulation sont attribuables aux dysfonctionnements induits par les TMS. Trois types de dysfonctionnements sont identifiés : l'absentéisme et les départs, la perte de productivité et celle de capacité de production (délais et qualité).

Les coûts stratégiques représentent, eux, l'impact des TMS sur la capacité de développement de l'entreprise. Ils ne procèdent pas d'un point de vue comptable mais renseignent sur les limites posées par les TMS. Ces limites peuvent être sociales (risque de conflit), productives (augmentation des temps), économiques (impact sur les prix) ou éthiques (dégradation de l'image de l'entreprise).

Equivalent d'un 13e mois. Les exemples d'évaluation situent les coûts directs dans une fourchette allant de 100 à 500 euros par an et pour tout salarié de l'entreprise, touché ou non par un TMS. Les coûts de régulation représentent 2 à 7 fois les coûts directs... L'un et l'autre équivalent alors au versement d'un 13e mois pour chacun des salariés de l'entreprise. Les coûts stratégiques sont différents selon l'entreprise concernée.

Comme on le voit, une approche économique des TMS peut être utile à leur prévention, si elle permet une prise de conscience des coûts liés aux dysfonctionnements de l'organisation du travail. Bien entendu, elle ne doit pas occulter les obligations légales de l'employeur en matière de préservation de la santé et de la sécurité des salariés.

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    D'abord l'Institut de socio-économie des entreprises et des organisations, puis ITG consultants et Essor consultants.

En savoir plus
  • L'approche économique des TMS. Intégrer la prévention à la performance, Anact, 2007. Brochure disponible sur le site www.anact.fr, dans le dossier thématique " Troubles musculo-squelettiques ".