Pierre-Yves Gomez : "Le travail est devenu abstrait"

Dans un essai très remarqué, ce professeur de l'EM Lyon Business School expose comment la financiarisation de l'économie a rendu le travail "invisible". Pour survivre à la crise, les entreprises doivent impérativement le revaloriser.
Comme l'annonce le titre de votre dernier essai, le travail est devenu "invisible". Comment expliquer cela ?
Pierre-Yves Gomez : Il y a une relation forte entre l'évolution du travail dans l'entreprise et, depuis les années 1970-1980, la financiarisation de l'économie. Celle-ci a réorienté la politique des entreprises vers la création de valeur pour l'actionnaire, afin de servir la promesse de dividende faite aux épargnants. D'où des organisations dont le contrôle s'est tourné vers la réalisation du profit, repéré à tous les niveaux de la production. Le travail est perçu de moins en moins dans sa dimension réelle, et de plus en plus comme un simple moyen au service d'un objectif financier. Disparu derrière les chiffres, les écrans et les reportings, il est devenu abstrait.
Or le travail est toujours exécuté par une personne concrète qui s'y engage et y cherche une reconnaissance, une fierté : c'est sa dimension subjective. Dans sa dimension objective, le travail produit un résultat qui concrétise l'effort, et que mesure la performance. Enfin, on ne travaille jamais seul. On est inclus dans un processus dont on est dépendant, il y a un amont et un aval à tous les niveaux de la...
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