
« Le travail reste un angle mort de la représentation officielle des inégalités de santé »

Dans un livre au titre musclé, « Politiques assassines et luttes pour la santé au travail - Covid-19, cancers professionnels, accidents industriels », Annie Thébaud-Mony, directrice de recherches honoraire à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) revient sur près de 40 années de mobilisation autour des cancers professionnels, tout en livrant une analyse affutée des tumultes contemporains.
Votre parcours de sociologue vous a amenée à arpenter des centaines de terrains différents. Comment avez-vous « franchi le pas » vers la santé au travail ?
Annie Thébaud-Mony : A mes yeux, celle-ci est un champ à part entière de la santé publique. Au début de ma carrière, ma thèse d’état sur les besoins et les politiques de santé – dont les inégalités face à la tuberculose et les différences d’accès aux soins étaient une dimension importante – m’a permis de comprendre que le travail était un angle mort de la représentation officielle des inégalités de santé… et le reste !
Progressivement, alliant analyse sociologique et engagement dans des réseaux citoyens, j’ai accompagné des personnes qui souffraient de cancers professionnels liés à l’amiante, aux rayonnements ionisants ou aux pesticides, dans leurs démarches de reconnaissance en maladie professionnelle. Nous étions convaincus, avec Henri Pézerat [toxicologue, chercheur au Centre national de la recherche scientifique, NDLR], que les dysfonctionnements du système de réparation ne sont pas seulement conjoncturels. La lutte contre les atteintes à la santé liées au travail – en particulier les cancers – représente un véritable défi...
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