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Les maladies psychiques liées au travail

par Stéphane Vincent / janvier 2017

Burn-out, mal-être, risques psychosociaux, harcèlement moral... Tous ces termes, régulièrement utilisés dans notre environnement professionnel ou les médias, sont autant d'impasses pour la prévention et la prise en charge des troubles psychiques générés par le travail. En effet, ils ne permettent pas de comprendre comment ces troubles se nouent dans la façon singulière dont chaque individu, sans en être conscient, engage son histoire, ses valeurs, sa santé dans un travail toujours riche de contraintes, d'imprévus, de contradictions...

Il faut donc revenir aux fondamentaux. Quels sont les ressorts psychiques de notre engagement dans le travail ? Par quels processus peut-on basculer de la santé à la maladie ? Pourquoi les schémas classiques de prévention sont-ils inopérants ? Tout cela ramène au travail, source de souffrance ou de santé, un risque qu'on ne peut supprimer, contrairement à l'exposition au bruit... Le travail est aussi une zone de conflits rarement discutés. C'est en les mettant au jour que les salariés peuvent se réapproprier ce qui leur arrive, que la prévention, d'individuelle, peut devenir collective.

Une démarche qui nécessite que chaque acteur de la prévention et du soin revoie ses pratiques. L'enjeu est important, pour ceux qui souffrent, mais aussi pour la société. Car les coûts humains et économiques liés à la souffrance au travail deviennent exorbitants.

Le travail, une zone de conflits non discutés et pathogènes

par Philippe Davezies chercheur en médecine et santé au travail / janvier 2017

L'activité de travail reste en grande partie obscure pour ceux qui la réalisent. S'ils ne peuvent se la réapproprier, et ainsi la défendre, les conflits inhérents à sa réalisation, à défaut d'être abordés, généreront en réaction un stress nuisible à leur santé.

La souffrance psychique au travail s'exprime généralement sous la forme d'un conflit dont l'origine est à rechercher dans les différences de positions entre celui qui assure le travail et celui qui le prescrit. Le premier n'est jamais un simple exécutant. Il doit mobiliser son expérience, sa sensibilité, ses valeurs pour produire une réponse adaptée à des particularités de la situation de travail que ses supérieurs ne sont pas en mesure de percevoir. Au contraire, la hiérarchie, focalisée sur les critères de gestion, valorise plutôt l'accélération et la standardisation des réponses à partir d'une conception abstraite du travail. Cette tension ne peut trouver une issue positive que si les protagonistes explicitent et mettent en discussion les enjeux de ces visions différentes du travail. Ce n'est pas un problème pour la hiérarchie : expliciter et soutenir les normes de gestion est une de ses fonctions. Il en va tout autrement du côté de celui qui assure le travail : les normes de son activité, les critères qui orientent son action sont obscurs à ses propres yeux.

De l'émotion à l'action

Pour comprendre cette obscurité du travail, il faut en revenir à l'action...

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