Des travailleurs en difficulté face au Covid

par Frédéric Lavignette / 24 novembre 2021

France Assos Santé, qui réunit 85 associations agréées d’usagers du système de santé, a publié fin septembre les résultats de son Observatoire sur les droits de malades. Il s’agit du bilan d’activité pour 2020 de la ligne d’informations juridiques et sociales qu’elle met à disposition du public, Santé Info Droits. Un bilan révélateur des difficultés rencontrées au travail par les salariés dans le cadre de l’épidémie de Covid-19.
Les conseillers de la ligne d’information ont ainsi été sollicités 1 292 fois concernant des problématiques autour de la santé au travail, un niveau jamais connu auparavant (+ 21 % par rapport à 2019). Dans le détail, 40 % des communications ont porté sur les arrêts de travail, 15 % sur des ruptures de contrat, 15 % sur de l’aménagement de poste et du reclassement professionnel, 13 % sur la médecine du travail et la prévention et 12 % sur des accidents du travail et maladies professionnelles. Par rapport à l’année précédente, les questionnements relatifs à la sécurité, l’hygiène et les conditions de travail ont bondi de 512 %.
Sur ce dernier point, le bilan comporte des témoignages. Comme celui de cette caissière de Marseille, très exposée au Covid-19 et de surcroît atteinte d’un cancer. Elle cherchait à connaître ses possibilités d’action alors que son employeur, en plus d’être avare en gel hydroalcoolique, interdisait à ses 36 salariés de se laver les mains plus de deux fois par jour. Ou encore celui de cette technicienne d’intervention sociale et familiale, à qui son chef a refusé masques, gants et gel, et ce malgré les potentiels risques d’exposition liés à son métier.
Les modulations du cadre législatif et réglementaire opérées dans le cadre de l’épidémie ont aussi suscité des inquiétudes. Le « certificat d’isolement », destiné aux travailleurs atteints de pathologies à risque et leur permettant d’être en arrêt de travail, a motivé beaucoup de questions. Parce qu’ils n’étaient pas considérés comme salariés « de première ou deuxième ligne », et alors que leur activité ne pouvait s’exercer à distance, des travailleurs vulnérables qui auraient dû être maintenus en arrêt de travail n’ont pas pu bénéficier de cette alternative. A l’image de ce salarié du bâtiment, considéré comme personne à risque et déjà en arrêt maladie. Alors qu’approchait le terme de son arrêt, son employeur l’a sommé de retourner au travail, sans lui donner la possibilité d’être en chômage partiel…