Victimes des pesticides : une explosion des demandes d’indemnisation
Alors que l'État a été condamné par la cour administrative d’appel de Paris ce mercredi 3 septembre 2025 à revoir ses procédures d'autorisation des pesticides, jugées « insuffisantes » pour le maintien de la biodiversité et la protection de la santé, le rapport d’activité 2024 du Fonds d'indemnisation des victimes de pesticides (FIVP) montre une explosion des demandes : 978 en 2024 contre 681 en 2023, soit +43,6% ! Vingt de ces dossiers concernent des enfants ayant été exposés durant la période prénatale du fait de l’activité professionnelle de l’un ou des deux parents (+100%).
La majorité des demandes concerne des agriculteurs, hommes et retraités. Ces chiffres « confirment le rôle déterminant que joue le FIVP », créé en 2019 par la loi de financement de la Sécurité sociale, selon sa directrice, Anne-Laure Thorezin. Un avis partagé par Phyto-Victimes, l’association qui aide et accompagne toute victime professionnelle de ces phytopharmaceutiques, et siège au conseil de gestion du FIVP. « Avant sa création, le nombre de demandes oscillait entre 60 et 80 par an », rappelle Phyto-Victimes dans un communiqué. Mais l’association constate au quotidien que ce dispositif reste méconnu des familles de victimes potentielles et déplore « l’absence de communication massive autour du FIVP ».
La France a innové avec ce fonds destiné à l’indemnisation des professionnels et de leurs enfants exposés in utero, salue Phyto-Victimes mais « il est encore largement insuffisant » : pas de réparation intégrale, pas de financement par l’Etat1
, une participation minime des firmes de l’agrochimie et trop de professionnels exclus, comme les fonctionnaires et les travailleurs des régimes spéciaux (SNCF, dockers, marins pêcheurs).
- 1Le FIVP est financé pour partie par des contributions des régimes AT-MP et pour partie par une fraction de la taxe sur la vente des produits phytopharmaceutiques.