Burn-out : la HAS réajuste le tir

par Rozenn Le Saint / 06 juin 2017

Les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) sur le burn-out réintroduisent le travail en lui-même comme facteur d’épuisement professionnel, alors que les versions précédentes mettaient en avant les fragilités individuelles.

La Haute Autorité de santé (HAS) a su écouter les professionnels de la médecine du travail consultés lors de sa préparation d’un mémo pour la prise en charge thérapeutique et l’accompagnement des personnes atteintes de burn-out, fiche pratique ciblant médecins du travail et, surtout, généralistes. Santé & Travail avait pu consulter un document de travail datant de décembre 2016 : les recommandations de la HAS mettaient de côté la prévention en insistant sur la fragilité psychologique individuelle. Si la version finale, rendue publique en mars dernier, donne toujours à voir l’épuisement professionnel sous le prisme des fragilités individuelles sans réelle remise en question de l’organisation du travail, cette dernière est tout de même mentionnée comme facteur de burn-out.

Absentéisme, turn-over, qualité de l’activité

Le document indique notamment que « l’analyse doit également porter sur les antécédents personnels et familiaux, les événements de vie, la qualité́ du support social et le rapport au travail. Le risque de développer un syndrome d’épuisement professionnel peut être associé à des antécédents dépressifs, à certains traits de personnalité́ pouvant limiter les capacités d’adaptation ». Mais il précise que « le repérage collectif est réalisé́ par l’équipe de santé au travail coordonnée par le médecin du travail sur un ensemble de signaux liés au fonctionnement de la structure (absentéisme ou présentéisme, turn-over fréquent, mouvements du personnel, qualité́ de l’activité́ et des relations sociales) ou à la santé et à la sécurité́ des travailleurs (accidents du travail, maladies professionnelles, visites médicales spontanées, inaptitudes) ».

La prescription d’antidépresseurs n’est pas mentionnée. En effet, si ces médicaments restent recommandés en cas de dépression, l’épuisement professionnel, à lui seul, n’est pas une raison suffisante pour les préconiser, « ce qui montre que l’on reconnaît l’aspect professionnel de la maladie et que l’on ne privilégie pas une approche uniquement médicamenteuse », commente un expert.

 

 

DE L’AMIANTE DANS LES ARCHIVES DE L’INSEE

Que va-t-on faire des archives de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) ? Des mesures réalisées fin 2016 en vue de son futur déménagement de la porte de Vanves au site de Montrouge début 2018 ont montré que des traces de la fibre létale étaient présentes dans ses précieux papiers, stockés en sous-sol de l’immeuble parisien. A plusieurs endroits, 15 fibres par litre ont été détectées, alors que l’Anses estime que le niveau d’empoussièrement ne doit pas dépasser le seuil réglementaire de 5 fibres par litre à l’intérieur des bâtiments.

Cancer bronchopulmonaire

Si l’ensemble du personnel n’a pas été exposé – certaines professions, comme les bibliothécaires, semblent davantage concernées que d’autres –, l’inquiétude gagne tous les effectifs parisiens. Surtout, rapporte Francis Judas, représentant CGT spécialiste des questions d’amiante, depuis qu’« un ancien chauffeur de l’Insee a découvert qu’il était atteint d’un cancer bronchopulmonaire. Sa pneumologue lui a demandé s’il avait été exposé à l’amiante au cours de sa vie professionnelle. Il lui semblait que non, mais ses collègues l’ont alerté de la découverte des traces de fibres dans les archives. Il va donc déposer une demande de reconnaissance de maladie professionnelle dans les prochains jours ».

En attendant de nouvelles mesures et le recensement des salariés éventuellement contaminés, les sous-sols diagnostiqués positifs à l’amiante sont interdits d’accès aux salariés. Par ailleurs, « le ministère de la Culture devrait boucler d’ici à la fin du mois de juin un vade-mecum pour expliquer comment traiter les archives, maintenant que l’on sait que le papier est particulièrement poreux et peut être chargé en fibres d’amiante », indique Francis Judas. Sera alors tranchée la question de savoir si elles seront détruites ou réacheminées dans les nouveaux locaux une fois désamiantées.

A LIRE AILLEURS SUR LE WEB
  • – L’étude de la Dares sur les difficultés d’insertion des personnes handicapées. Il apparaît que, quand les personnes reconnues handicapées travaillent, elles occupent plus souvent un emploi d’ouvrier non qualifié et moins souvent de cadre. Elles travaillent plus souvent à temps partiel et sont plus souvent en situation de sous-emploi.

    – L’appel à participer à un rassemblement, le 7 juin, pour soutenir Dominique Huez, médecin du travail sanctionné par l’Ordre des médecins.

    – L’Union syndicale Solidaires vient de mettre en ligne un nouveau dossier sur son site La Petite Boîte à outils : « L’amiante, une lutte d’aujourd’hui ».