Le cancer de la prostate, nouvelle maladie professionnelle en agriculture

par Frédéric Lavignette / 28 octobre 2021

Le 12 octobre dernier, la Commission supérieure des maladies professionnelles en agriculture (Cosmap) a rendu un avis favorable et unanime à l’inscription du cancer de la prostate au registre des maladies professionnelles du régime agricole pour les travailleurs confrontés aux pesticides dans leur activité. Bien que consultatif, cet avis a suscité une première réaction gouvernementale. Apostrophé sur le sujet le 20 octobre au Sénat, le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, a en effet annoncé qu’un prochain décret permettrait la mise en œuvre de cette reconnaissance. « Oui, je prendrai le décret conformément à l'avis de cette commission permettant d’établir ce tableau de maladie professionnelle », a-t-il affirmé précisément.
Les associations de victimes et syndicats de salariés ont salué avec satisfaction cette annonce, tout en réclamant des garanties. Dans un communiqué commun daté du 19 octobre, plusieurs organisations (Phyto-victimes, Coordination rurale, Confédération paysanne, Fnath-Association des accidentés de la vie, FGA-CFDT, FNAF-CGT, FGTA-FO et Unsa) ont demandé à ce que la maladie professionnelle soit reconnue dès cinq ans d’exposition au risque. Avec un délai de prise en charge, à savoir le temps entre la fin de l’exposition et le constat de la maladie, de quarante ans. Pour sa part, la FNSEA, qui représente les employeurs agricoles, prône un délai inférieur à quarante ans et une durée d’exposition de dix ans.
Reste aussi à savoir si tous les travailleurs du secteur agricole seront concernés sans distinction : exploitants, ouvriers, employés des coopératives… A priori, ceux qui ont été exposés au chlordécone dans les bananeraies de Guadeloupe et de Martinique devraient l’être. Pour autant, le cancer de la prostate lié à une exposition à des pesticides ne concerne pas que l’agriculture. Des salariés relevant du régime général sont aussi exposés. L’été dernier, les organisations syndicales de salariés siégeant à la commission maladies professionnelles du Conseil d’orientation des conditions de travail (Coct) avaient exigé la création d’un tableau pour le régime général, en s’appuyant sur un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Sans obtenir de réponse. Affaire à suivre, donc.