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Intelligence artificielle : le risque d’un travail déshumanisé

par Nathalie Quéruel / janvier 2021

Chez Pôle emploi, les algorithmes moulinent, secondant les conseillers qui accompagnent les chômeurs. L’industriel Safran expérimente des cobots qui, besognant aux côtés des ouvriers, les délestent de tâches répétitives. Chez Publicis, un outil d’intelligence artificielle assemble, le temps d’un projet, des équipes virtuelles et éphémères de par le monde... Les technologies émergentes sont bel et bien à pied d’œuvre, dessinant dès maintenant l’avenir du travail. Pour le meilleur ou pour le pire ? On pourrait se réjouir qu’elles soulagent les salariés d’activités fastidieuses, pénibles ou ingrates, leur permettant de développer d’autres compétences enrichissantes. Ou, au contraire, s’inquiéter qu’elles les privent de tâches essentielles qui donnent sens à leur métier, les cantonnant dans des emplois précaires et sous-payés. On pourrait tout autant s’enthousiasmer pour l’autonomie qu’elles peuvent donner aux travailleurs que s’effrayer du contrôle qu’elles sont capables d’exercer sur eux. Rien n’est cependant écrit. A quelles conditions ces technologies, qui entremêlent plus étroitement l’homme et la machine dans la production de biens ou de services, ne seront-elles pas dommageables, notamment pour la santé des salariés ? Il est essentiel que ces derniers participent à la réflexion sur leur déploiement et leur usage, pour que la redistribution des rôles soit positive. Et il revient aux représentants du personnel de mettre sur la table ce débat sur le travail d’un genre inédit.

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Le cobot, nouveau collègue à manier avec des pincettes

par Eliane Patriarca / janvier 2021

Fers de lance de l’industrie du futur, les robots collaboratifs débarquent dans les usines avec l’ambition de diminuer risques professionnels et pénibilité des tâches. Promesse tenable seulement si salariés et ergonomes sont associés à leur conception.

A Gennevilliers (Hauts-de-Seine), dans une usine de l’équipementier pour le secteur aéronautique et spatial Safran, un drôle d’engin métallisé a pris place dans l’atelier d’ajustage : c’est un volumineux bras articulé, gris et vert pâle. Un opérateur – l’industrie 4.01 et ses usines bannissent le mot ouvrier – le positionne à la surface de la pièce posée devant lui, afin d’effectuer un polissage. Mission : « gommer » les imperfections qui restent après le forgeage de ce bord d’attaque pour moteur. L’homme ajuste le bras articulé sur la pièce et guide son mouvement. Ce faisant, il « enseigne » au robot comment réaliser cette opération. Il lui suffit ensuite d’activer le mode automatique pour que la machine reproduise précisément l’ensemble de ces gestes. Quant à l’étape finale, la retouche-finition, c’est une...

  • 1L’industrie 4.0 ou quatrième révolution industrielle fait référence à la transformation de l’industrie et des systèmes de production grâce aux nouvelles technologies. Exemples : l’internet des objets (ou la possibilité pour des dispositifs de communiquer entre eux), les systèmes cyber-physiques (engins contrôlés par des calculs et algorithmes, comme les véhicules autonomes), etc

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