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Fonctionnaires sous pression

par François Desriaux / janvier 2013

Il semble que les fonctionnaires soient logés à la même enseigne que les "survivants" des plans sociaux. Sous prétexte que les premiers ont la garantie de l'emploi et que les seconds ont sauvé le leur, il serait inconvenant d'évoquer leurs conditions de travail.

Pourtant, c'est bien le moment d'en parler, car les conditions de travail des agents des trois fonctions publiques se sont dégradées ces dernières années. En cause, les évolutions successives de la notion d'"offre de services aux usagers", l'introduction de méthodes et de critères de gestion importés du secteur privé, sans oublier bien sûr tout ce qui découle du credo politique dominant, selon lequel le salut des économies modernes passe par la diminution des dépenses publiques.

S'ensuivent la réduction des effectifs par le non-remplacement d'un fonctionnaire retraité sur deux ; la rationalisation et l'intensification du travail, que l'on connaît bien dans les entreprises privées ; enfin, la fragilisation des collectifs.

Sauf que, du côté des usagers, la demande de services publics n'a jamais été aussi forte. Et la crise n'a fait qu'aggraver le décalage entre les besoins de la population et les moyens que les agents peuvent mobiliser pour y répondre. De cette impossibilité d'éprouver la satisfaction du devoir accompli, naît la souffrance des fonctionnaires. Surtout s'ils ont embrassé la fonction publique par conviction citoyenne.

Fonctionnaires : le temps des déconvenues

par Serge Volkoff statisticien / janvier 2013

Confrontés à des objectifs et de nouvelles obligations qui bousculent leurs repères collectifs, stigmatisés, dotés de moyens limités pour répondre à la demande sociale, les fonctionnaires se sentent empêchés de bien faire leur travail. Une situation à risque.

Leur vie... ils seront flics ou fonctionnaires, de quoi attendre sans s'en faire que l'heure de la retraite sonne..." On a connu Jean Ferrat mieux inspiré. La chanson d'où ces vers sont extraits date de 1964. De tout temps, les fonctionnaires ont été la cible de ce type de clichés, jugés indolents, installés dans une routine, obnubilés par l'heure de la cantine, la fin de journée, les congés ou la retraite. La distance entre ces représentations - si tant est qu'elles aient été un jour fidèles à la réalité - et la vraie vie de travail des agents dans les administrations publiques n'a pourtant cessé de grandir. "Ne pas s'en faire" leur est de moins en moins possible aujourd'hui. Et les évolutions des dernières décennies viennent contrarier, non pas leur supposée aspiration à mener une vie de travail apathique, mais les vrais projets professionnels qui ont pu les inciter à choisir les métiers de la fonction publique

Ces attentes professionnelles sont bien sûr variables selon les secteurs de la fonction publique, les grades, voire d'un individu à un autre. Néanmoins, on y retrouve souvent le souci d'un emploi et d'un déroulement de carrière suffisamment garantis, "en échange" d'une...

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